Cancer du sein : Comment cibler les métastases propagées au cerveau?

Cancer du sein : Comment cibler les métastases propagées au cerveau?

- mars 2, 2023
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Une étude menée par une équipe de scientifiques du Royal College of Surgeons in Ireland (RCSI), de l’University of Medicine and Health Sciences et du Beaumont Cancer Center a été publié dans la revue Nature Communications et fait état d’une nouvelle manière de traiter le cancer du sein métastatique avec métastases au cerveau. Ils ont utilisé des traitements déjà existants, les inhibiteurs de PAP, pour conduire leurs travaux.

 

Rechute du cancer du sein : métastases

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La majorité des décès imputables au cancer du sein sont reliés à une récidive de la pathologie qui peut s’accompagner d’un envahissement à d’autres organes ou parties du corps, comme le cerveau. Le cancer du sein métastatique (aussi connu sous le nom de cancer secondaire) qui se propage au niveau du cerveau est une forme particulièrement agressive de la maladie, avec un pronostic généralement sombre et une espérance de vie plutôt courte.

 

Les métastases cérébrales sont des formes de localisations secondaires assez fréquentes dans les récidives de cancer du sein. Malheureusement, les options thérapeutiques sont assez limitées.

 

Les cellules tumorales du cancer mammaire sont capables de s’adapter aux différents traitements de manière immédiate ou différée, notamment selon l’expression de leurs récepteurs d’œstrogènes (RE+ ou RE-). Sur le plan du génome et du phénotype, les métastases cérébrales diffèrent de leur tumeur du sein primaire. Cette dissonance est plus marquée dans les tumeurs ER+ dites luminales. Les cancers du sein à la fois RE+ et RP+ (récepteurs de progestérone) sont les plus fréquents et sont généralement de bon pronostic. Ils répondent habituellement bien à une hormonothérapie. Les tumeurs RE+ et RP- sont plus proliférantes et de moins bon pronostic. Les tumeurs agressives du cancer du sein RE- et RP+ présentent de nombreuses altérations moléculaires.

Par ailleurs, les métastases cérébrales du cancer du sein présentent le risque de décès le plus haut, quel que soit le sous-type de cancer du sein.

Les tumeurs luminales sont moins agressives, mais présentent tout de même un nombre élevé de tumeurs mammaires métastatiques et de décès, ce qui nécessite de mieux comprendre les mécanismes moléculaires et biologiques impliqués.

Mieux comprendre le lien entre cancer du sein et métastase au cerveau

L’objectif principal de l’équipe de chercheurs irlandais a été d’identifier un traitement qui présente une bonne efficacité dans ce type de cancer du sein secondaire avec métastase au cerveau. Dans ce contexte, les scientifiques se sont focalisés sur le suivi génétique de l’évolution de la tumeur, depuis le diagnostic initial de la tumeur primaire jusqu’à l’envahissement métastatique cérébral.

 

Leurs résultats ont montré qu’environ 50 % des tumeurs du sein accomplissent des modifications dans la manière dont elles réparent leur ADN. Ces modifications pourraient fournir des points de vulnérabilité de façon à les traiter à l’aide d’un médicament déjà existant et connu, de type inhibiteurs de PARP. Les auteurs de l’étude expliquent que recourir aux inhibiteurs de PARP dans le traitement du cancer du secondaire avec métastase au cerveau ouvrirait la voie à de nouvelles stratégies thérapeutiques pour des femmes qui ne disposaient pas encore d’options de traitement satisfaisantes, tant les possibilités étaient très limitées.

Si ces premières conclusions sont intéressantes, d’autres investigations sont à prévoir, car la cohorte de patientes incluses au sein de l’étude est plutôt réduite.

Inhibiteurs de la PARP : qu’est-ce que c’est ?

 

Les traitements inhibiteurs de la PARP (poly-ADP-ribose-polymérase-1) font partie des molécules anticancéreuses des thérapies ciblées. Ils sont particulièrement utilisés dans le traitement du cancer du sein et du cancer de l’ovaire. Leur mode d’action empêche les cellules tumorales de réparer leur ADN afin de provoquer une importante instabilité génétique puis leur mort. Ils agissent en synergie avec la perte de la fonction de BRCA par les cellules cancéreuses.

 

Le bénéfice clinique de ce type de traitement est notamment intéressant chez les patientes porteuses d’une mutation génétique BRCA1 ou BRCA2, car elles présentent un risque plus élevé de développer un cancer du sein ou de l’ovaire.

 

Mais d’autres évaluations et essais sont en cours pour déterminer leur efficacité sur d’autres types de tumeurs mammaires, comme le cancer du sein triple négatif.

 

Les inhibiteurs de la PARP sont très prometteurs en oncologie, qu’ils soient envisagés comme seul traitement ou associé à de la chimiothérapie du cancer du sein ou de la radiothérapie. Toutefois, le nombre de patientes traitées grâce à cette thérapie ciblée reste faible, et le recul est encore trop court. Des études sont en effet nécessaires quant à la toxicité à long terme. La toxicité à court terme est, quant à elle, relativement bonne avec peu d’effets indésirables.

 

Bien que le cancer du sein soit habituellement de bon pronostic grâce aux progrès réalisés dans le diagnostic précoce et la prise en charge, la maladie continue de provoquer des décès. Il est donc absolument indispensable de continuer à développer de nouveaux traitements médicaux afin d’améliorer l’espérance de vie des patientes atteintes.

Publié par Dr. Eric Sebban
Le Docteur Eric Sebban est chirurgien gynécologue et cancérologue, spécialisé en chirurgie gynécologique, mammaire et cancérologique. [mt-bootstrap-button btn_text="Prendre rendez-vous en ligne avec le Docteur Eric Sebban" btn_url="https://goo.gl/pbV14U" btn_size="btn btn-medium" align="text-left" color="#3498db" border_color="#555555" animation="bounce"]