Après un cancer du col de l’utérus, il est indispensable de mettre en place un suivi régulier afin de s’assurer de l’absence de récidive de la maladie. Une surveillance régulière peut aussi être l’occasion pour les femmes de faire part au corps médical des difficultés rencontrées dans leur vie après-cancer, et aborder des sujets délicats comme la sexualité ou les troubles psychologiques.
Comment s’organise le suivi post-cancer du col de l’utérus ? La reprise d’une vie sexuelle épanouie après-cancer est-elle possible ? Voici quelques recommandations pour bien préparer l’après-cancer.
Quels examens de surveillance en post-cancer du col utérin ?
Comme pour toute surveillance après-cancer, un suivi en alternance est généralement mis en place après un cancer du col utérin. Ce suivi alterné consiste à consulter à tour de rôle votre oncologue, votre chirurgien, votre radiothérapeute, et votre médecin traitant ou gynécologue, selon le traitement dont vous avez bénéficié.
Ce suivi permet de réaliser quelques examens nécessaires pour vérifier l’absence de récidive du cancer, évoquer les nouveaux symptômes qui peuvent apparaître, et discuter avec l’équipe médicale de toutes les difficultés pouvant être rencontrées dans la vie après-cancer.
Le risque de récidive est plus présent lors des 3 années suivant le traitement. Les consultations seront donc plus rapprochées durant cette période.
Le rythme des consultations en alternance est habituellement organisé ainsi :
- tous les 4 mois pendant 2 ans ;
- tous les 6 mois pendant les 3 années suivantes ;
- puis tous les ans.
Ces consultations de suivi comportent un examen clinique pelvien avec un frottis de dépistage pour les patients bénéficiaires d’un traitement conservateur du col. Chez les patientes ayant bénéficié d’un traitement non-conservateur, ce frottis n’est pas obligatoire.
Afin de compléter ces consultations auprès de votre équipe soignante, quelques examens sont généralement demandés :
- un dosage régulier du marqueur SCC (marqueur tumoral) ;
- un scanner abdomino-pelvien ou une IRM pelvienne (une fois par an) ;
- un TEP SCAN en cas d’apparition de nouveaux symptômes (saignements, altération de l’état général, etc.).
La vie sexuelle après-cancer du col de l’utérus
La reprise d’une vie sexuelle épanouie est tout à fait possible après un cancer du col de l’utérus. Cependant, il faudra respecter un temps de cicatrisation selon les traitements réalisés.
D’une manière générale, la chirurgie n’altère pas la qualité de la vie sexuelle des patientes. En revanche, certains traitements comme la radiothérapie ou la curiethérapie peuvent modifier certains aspects de la sexualité en entraînant quelques séquelles : sécheresse vaginale, modifications du vagin qui peuvent le rendre plus fragile ou plus étroit, etc.
La chimiothérapie, quant à elle, peut altérer la libido des patientes pendant quelque temps.
Ces troubles ne sont pas une fatalité. Quelles que soient les difficultés rencontrées, il est nécessaire d’en discuter avec l’un des médecins en charge de votre suivi afin de trouver les solutions adaptées à votre situation.
Les effets secondaires entraînant des réactions physiques (irritation, douleurs, sécheresse vaginale) peuvent être corrigés grâce à des traitements médicaux.
Les problèmes liés à l’anxiété, à l’altération du désir, à la diminution ou disparition d’orgasme peuvent se résorber à la fin des traitements et grâce au retour de la confiance en soi.
Le dialogue entre les partenaires est primordial pour vivre une sexualité après-cancer en toute sérénité. Il est important d’aborder sa vie sexuelle après-cancer avec patience et tendresse. Par ailleurs, un suivi psychologique peut aider à désamorcer certaines situations délicates.
Envisager un suivi psychologique
Tous ces traitements qui affaiblissent le corps et l’esprit peuvent diminuer l’image de soi. Tout comme le cancer du sein, le cancer du col de l’utérus affecte l’image de la femme, et les patientes ont tendance à perdre confiance en elles et en leur féminité.
Se réapproprier son corps est parfois difficile, les patientes éprouvent de la gêne quant au regard et au toucher, sur elles-mêmes, et de ce fait, de la part du partenaire.
Pour ces raisons, un suivi psychologique peut être bénéfique. Traverser un cancer reste une étape bouleversante pour les patientes et leur entourage, même lorsqu’on est bien entouré. Afin de ne pas sombrer dans la dépression, l’isolement social, ou l’angoisse de récidive, un accompagnement réalisé par un professionnel est souvent la solution.
Consulter un psychologue ou un sexologue peut grandement faciliter la discussion au sein du couple. L’absence de communication accentue les craintes et le repli sur soi.
Préparer pleinement l’après-cancer implique donc un suivi médical et psychologique adapté afin de surmonter toutes les difficultés rencontrées.
Le Docteur Eric Sebban est chirurgien gynécologue et cancérologue, spécialisé en chirurgie gynécologique, mammaire et cancérologique.