Le fibrome utérin est la pathologie bénigne la plus couramment rencontrée chez la femme en France et touche entre 30 et 50 % des femmes. Cette affection survient essentiellement chez les femmes à partir de 30 ans, et tend à augmenter avec l’âge.
Le fibrome utérin (aussi appelé myome, ou léiomyome) est bénin : il n’y a pas de risque d’évolution vers un cancer utérin. Cependant, du fait de son développement au sein des cellules musculaires de l’utérus, et selon son volume ou sa vascularisation, il peut être source de symptômes handicapants pour la patiente (douleurs, saignements abondants pendant et en dehors des règles, anémie, troubles de la fertilité).
Qu’est-ce qu’un fibrome utérin ?
Le fibrome utérin est la pathologie féminine la plus fréquente en France, il s’agit d’une tumeur bénigne développée aux dépens des cellules musculaires de l’utérus.
Fibrome utérin : quelles sont les causes ?
Si les causes de l’apparition du myome utérin restent incertaines, des facteurs de risque peuvent cependant influencer son développement :
- l’origine ethnique : les femmes d’origine africaine et afro-américaine seraient plus sujettes au développement du fibrome utérin, chez qui il apparaît plus précocement plus volumineux, voire en plus grand nombre ;
- les antécédents familiaux ;
- l’obésité ou le surpoids ;
- la nulliparité (femme n’ayant jamais eu de grossesse menée à terme) ;
- l’apparition précoce des règles ;
- les oscillations hormonales (sécrétion augmentée d’œstrogène, patiente non-ménopausée, grossesse, modification du cycle menstruel) ;
- la consommation d’alcool ou de tabac.
Le fibrome utérin est hormono-dépendant : son évolution ralentit naturellement avec la ménopause.
Comment diagnostique-t-on un fibrome utérin ?
Le fibrome utérin, bien que bénin, peut-être à l’origine d’une symptomatologie pelvienne : soit par compression des organes de voisinage et entraîner une sensation de pesanteur pelvienne, des difficultés pour uriner (c’est ce que l’on appelle une « dysurie ») ou une constipation.
Soit lorsque la tumeur saigne, à l’origine alors de « ménorragies » (saignements abondants durant les règles) ou de « métrorragies » (saignements abondants en dehors des périodes), pouvant dans certains cas au maximum, provoquer une « anémie » (carence en globules rouges) à l’origine d’une fatigue ou d’un essoufflement.
Le plus souvent, le médecin demande de faire réaliser une échographie pelvienne, et/ou une IRM pour cartographier les myomes en vue de les traiter.
Symptômes du fibrome utérin
La survenue des symptômes de fibrome utérin peut dépendre de sa taille, son emplacement, et son nombre. La symptomatologie la plus fréquemment observée comporte :
- des ménorragies (saignements abondants pendant les règles) ;
- des métrorragies (saignements en dehors des règles) ;
- des douleurs abdominales ;
- une sensation de pesanteur pelvienne ;
- une constipation ;
- des douleurs lors des rapports sexuels ;
- une dysurie (difficultés pour uriner).
Les fibromes utérins peuvent aussi être asymptomatiques (pour environ 50 % des cas).
Une consultation de gynécologie annuelle permet, accompagnée d’examens complémentaires, de diagnostiquer le fibrome utérin et d’éliminer une possible affection maligne (cancer de l’utérus). Le fibrome utérin n’augmente pas le risque de développement d’un cancer de l’utérus chez la patiente, et n’évolue pas en pathologie cancéreuse.
Traitements possibles du fibrome utérin
Les patientes atteintes de fibromes asymptomatiques bénéficient généralement d’une simple surveillance régulière. Lorsque les symptômes deviennent gênants, une prise en charge thérapeutique est envisagée et dépend de la taille du fibrome, de son emplacement, du nombre de fibromes, et de l’âge de la patiente (ménopausée ou non).
Les options de traitement du fibrome utérin ?
Il existe plusieurs alternatives pour traiter le ou les fibromes utérins lorsque ceux-ci sont à l’origine des symptômes gênants.
La prise en charge dépend du nombre de fibromes, de la volonté de la patiente, et de son statut ménopausée ou non ménopausée; plusieurs options sont alors envisageables :
1) Le traitement chirurgical
Il peut s’agir alors d’une myomectomie, on retire uniquement le fibrome qui apparaît symptomatique, ou d’une hystérectomie totale ou subtotale, on enlève la totalité ou une grande partie de l’utérus.
Le geste peut être réalisé soit par voie vaginale, soit par voie coelioscopique, soit par voie laparotomique.
L’exérèse du fibrome est pratiquée soit par myomectomie (ablation du fibrome seul), soit par hystérectomie totale ou subtotale (résection d’une partie ou de la totalité de l’utérus).
Cette intervention chirurgicale peut être réalisée par laparotomie, laparoscopie ou hystéroscopie en fonction de l’anatomie et de la topographie du ou des fibromes.
La myomectomie comporte un risque de récidive, mais permet dans la mesure du possible de conserver l’utérus en vue d’une éventuelle grossesse future. L’hystérectomie, quant à elle, élimine le risque de survenue d’un autre fibrome utérin, mais rend impossible une grossesse ultérieure.
2) L’embolisation des artères utérines
Cette technique permet, grâce aux ultrasons focalisés, de boucher les vaisseaux sanguins irriguant le fibrome utérin. L’embolisation des artères utérines est réalisée par le médecin radiologue et consiste en une embolisation des artères utérines ou un traitement par ultrasons focalisés peut être proposé par le médecin radiologue.
3) Les traitements médicamenteux
Aucun médicament ne permet d’éliminer un fibrome utérin. Cependant, un traitement médicamenteux peut traiter les symptômes gênants, et dans certains cas, réduire la taille du fibrome. Puisque le myome utérin est hormono-dépendant, un traitement hormonal est souvent proposé.
Les progestatifs permettent de limiter les saignements abondants pendant ou en dehors des règles. Ils peuvent être prescrits par voie orale ou sous forme de dispositif intra-utérin (stérilet).
L’utilisation de l’Ulipristal, modulateur des récepteurs à la progestérone, peut être indiquée afin de réduire le volume du fibrome. Il peut être prescrit sous forme de cures, ou en traitement préopératoire. Cependant, son utilisation comporte des risques d’atteinte hépatique sévère. La prescription de ce traitement est contre-indiquée en cas d’anomalie du foie, et soumise à un contrôle régulier (mensuel) du bilan hépatique.
En cas de fibrome particulièrement volumineux ou d’anémie causée par des saignements trop importants, des analogues de la gonadolibérine (GnRH) sont prescrits. Ils permettent de réduire le fibrome de volume. Leur effet est toutefois temporaire, et leur indication est privilégiée avant une intervention chirurgicale ou jusqu’à la ménopause (période propice à la disparition des symptômes).
D’autres traitements (comme l’acide tranexamique) peuvent être envisagés pour diminuer les saignements en influant sur la coagulation.
Des traitements antalgiques aident à réduire les douleurs pelviennes.
4) Suivi du fibrome utérin
L’évolution du fibrome utérin est difficilement prévisible. Une alternance de cycles asymptomatiques et de cycles avec symptômes peut survenir, dépendante des fluctuations du cycle hormonal.
Des consultations régulières auprès de votre médecin traitant ou gynécologue sont nécessaires afin de déceler toute anomalie ou progression d’un fibrome utérin. Elles permettent d’évaluer l’apparition ou l’amplification des symptômes, et de veiller à la bonne observance des traitements médicamenteux. Un examen gynécologue est réalisé et peut être complété par la prescription d’examens d’imagerie médicale (échographie pelvienne et/ou IRM).
Les patientes sous Ulipristal doivent être particulièrement attentives à certaines modifications pouvant survenir lors de la prise du traitement (nausées, vomissements, fatigue importante, perte de poids ou d’appétit, douleurs abdominales, jaunissement de la peau, etc.). En cas de survenue d’un ou plusieurs de ces symptômes, parlez-en à votre médecin.
À la suite d’une intervention chirurgicale, un suivi postopératoire est mis en place entre votre gynécologue ou votre médecin traitant, et votre chirurgien gynécologue. Il permet de s’assurer de l’absence de complications ou de récidive. N’hésitez pas à signaler à votre médecin tout signe qui vous paraîtrait suspect, notamment : fièvre, douleurs dans le bas-ventre, saignements hémorragiques, douleurs thoraciques, hématomes, durcissement et douleurs dans le mollet.
Le Docteur Eric Sebban est chirurgien gynécologue et cancérologue, spécialisé en chirurgie gynécologique, mammaire et cancérologique.