Le cancer de l’utérus (ou cancer de l’endomètre) peut être favorisé par plusieurs types de facteurs, notamment hormonaux, métaboliques ou génétiques. Certains de ces facteurs de risque sont modifiables comme le surpoids ou les traitements hormonaux substitutifs de façon à prévenir la maladie. D’autres, en revanche, sont non modifiables, comme l’âge ou les prédispositions génétiques, ce qui implique alors un suivi régulier et d’être attentif aux premiers signes cliniques.
Le cancer de l’utérus peut en effet provoquer certains symptômes comme des saignements anormaux, notamment après la ménopause, qui doivent motiver une consultation auprès d’un médecin. Un diagnostic précoce et une prise en charge thérapeutique adaptée et rapide sont indispensables pour améliorer le pronostic de ce type de cancer.
Facteur de risque du cancer de l’endomètre: l’imprégnation hormonale
Le facteur de risque majeur du cancer de l’endomètre est une exposition prolongée aux œstrogènes sans opposition de la progestérone. Les œstrogènes sont des hormones féminines qui favorisent la croissance de l’endomètre. La progestérone est une hormone féminine qui régule quant à elle l’effet des œstrogènes en entraînant la desquamation de l’endomètre (pendant les règles). Si les rapports entre ces deux hormones sont déséquilibrés, l’endomètre peut devenir plus épais et être le siège d’une tumeur cancéreuse.
Plusieurs causes peuvent entraîner une imprégnation hormonale importante :
- Des premières règles précoces (avant 12 ans) ou une ménopause tardive (après 55 ans), prolongeant alors la sécrétion d’œstrogènes par les ovaires.
- Une absence de grossesse qui empêche le corps de la femme de connaître l’équilibre hormonal gestationnel.
- La prise d’un traitement hormonal substitutif (THS) de la ménopause à base d’œstrogènes seuls, sans progestérone. Le risque augmente avec la durée de prise du traitement et diminue après l’avoir arrêté.
- La prise du traitement Tamoxifène, généralement prescrit dans le cadre de la prise en charge du cancer du sein, qui entraîne un effet œstrogénique sur l’endomètre. Ici aussi, une durée de traitement longue augmente le risque, qui diminue avec l’arrêt de celui-ci.
- Des antécédents de tumeurs de l’ovaire sécrétrices d’œstrogènes.
Cancer de l’endomètre : facteurs de risque au niveau métabolique
Certains facteurs comme le surpoids ou l’obésité sont susceptibles d’augmenter le risque de voir apparaître un cancer de l’utérus. Le tissu adipeux peut favoriser la production d’œstrogènes et la rendre excessive. Plus l’IMC augmente, plus le risque est élevé.
Le diabète est également un facteur de risque métabolique non négligeable du cancer de l’endomètre. Il favorise la résistance à l’insuline, l’hormone qui régule le taux de sucre dans le sang, capable de stimuler la croissance des cellules, y compris celles de l’endomètre. Le diabète aggrave par ailleurs l’obésité ou l’hypertension artérielle, des facteurs de risque possibles.
Cancer de l’endomètre et les facteurs de risque génétiques
Certaines prédispositions génétiques sont capables d’augmenter le risque de survenue d’un cancer de l’utérus de façon héréditaire.
C’est le cas du syndrome de Lynch (ou syndrome HNPCC), une condition génétique héréditaire prédisposant à certaines tumeurs malignes, dont le cancer de l’endomètre ou le cancer colorectal. Cette pathologie est due à une mutation d’un gène impliqué dans la réparation de l’ADN. Les patientes atteintes d’un syndrome de Lynch ont plus de chances de voir apparaître un cancer de l’utérus avant l’âge de 50 ans.
Le syndrome des ovaires polykystiques (SOPK) est un trouble hormonal qui se caractérise par un excès d’androgènes avec la présence de plusieurs kystes de petite taille (follicules immatures) dans le pourtour des ovaires. Cette maladie s’accompagne de troubles de l’ovulation et du cycle menstruel (règles irrégulières, absence de règles…). Le SOPK augmente le risque d’apparition d’hyperplasie atypique de l’endomètre, un état précancéreux pouvant potentiellement évoluer en maladie cancéreuse s’il n’est pas pris en charge.
Cancer de l’endomètre et la radiothérapie du bassin
Une irradiation de la région du bassin (par exemple, dans le cadre du traitement d’un cancer du col de l’utérus, d’un cancer du rectum…) peut endommager l’endomètre et augmenter le risque de développer une tumeur maligne sur le long terme.
Cancer de l’endomètre : facteurs de risque incertains
Certaines causes pourraient être liées au cancer de l’utérus, mais les preuves scientifiques sont aujourd’hui encore insuffisantes pour pouvoir le confirmer avec certitude.
Parmi ces causes, on retrouve :
- la sédentarité ;
- les antécédents familiaux de cancer de l’utérus ;
- l’hypertension artérielle ;
- l’exposition à une hormone de synthèse, le diéthylstilbestrol (DES) ;
- la consommation d’aliments comportant une charge glycémique élevée et pouvant faire rapidement augmenter le taux de sucre dans le sang.
Des recherches complémentaires sont indispensables pour clarifier le rôle de ces facteurs de risque éventuels dans le développement des tumeurs utérines.
Le cancer de l’utérus fait partie des cancers féminins les plus courants en France. Sa prévention repose sur la réduction des facteurs de risque modifiables et la surveillance des éventuels symptômes. Toutefois, il arrive aussi que le cancer de l’utérus touche des femmes qui ne présentent aucun de ces facteurs de risque. Une surveillance et un dépistage précoce de la maladie permettent d’augmenter les chances de guérison et le pronostic vital des patientes.
Le Docteur Eric Sebban est chirurgien gynécologue et cancérologue, spécialisé en chirurgie gynécologique, mammaire et cancérologique.