Le traitement du cancer du sein nécessite une approche pluridisciplinaire impliquant différentes spécialités médicales qui doivent choisir, en fonction de nombreux critères, un ou, le plus souvent, plusieurs types de traitements parmi cinq grandes catégories de thérapies.
Les décisions thérapeutiques doivent être prise en RCP ( réunion de concertation pluri disciplinaire ), qui réunissent les différents praticiens ( chirurgien, oncologue, radiologue, anatomo-pathologiste, médecin nucléaire et autres…)
Associés aux politiques de dépistage, les protocoles de soins s’avèrent globalement de plus en plus efficaces, avec notamment une réduction des taux de mortalité de près de 1.5% par an depuis 2005, ainsi que du nombre de décès annuels induits (de 17 000 à la fin des années 90 à environ 12 000 actuellement).
Facteurs conditionnant les traitements
Les protocoles de soins sont définis au cas par cas par le cancérologue avec l’appui d’une équipe médicale. Ils visent à supprimer ou à ralentir la croissance des tumeurs ou métastases, à réduire le risque de récidives et à améliorer la qualité de vie du patient.
Ils sont notamment fonction des facteurs suivants :
– l’âge, la condition physique du malade et d’éventuelles contre-indications
– le type de tumeurs, sa localisation, sa taille
– l’atteinte de ganglions lymphatiques ou d’autres organes
– le stade et le degré d’agressivité (« grade ») au moment du diagnostic
– le statut des récepteurs hormonaux (« HER2 »)
– les fréquents effets secondaires fonction des traitements et des patients
– la prise en compte de leurs préférences parmi les solutions médicales recommandées.
Ces facteurs peuvent inclure une thérapie de base et des traitements complémentaires (dits « adjuvants ») choisis parmi cinq catégories.
La chirurgie
Les modalités chirurgicales sont fonction du type, de la zone, de la taille de la tumeur ainsi que des préférences du malade.
– La chirurgie locale
C’est souvent le premier traitement appliqué ; il vise l’ablation d’une zone réduite ainsi qu’éventuellement de ganglions au niveau de l’aisselle (ganglion sentinelle ou curage ganglionnaire). Celui-ci recherche de possibles foyers secondaires en ôtant des ganglions lymphatiques. Leur analyse permet d’orienter le traitement en évaluant le degré d’atteinte.
– La mammectomie partielle
Cette intervention consiste à ôter toute la tumeur ainsi qu’une zone de sécurité plus ou moins grande.
Un traitement adjuvant à base de radiothérapie est souvent recommandé pour limiter les risques de récidive.
– L’enlèvement complet du sein ( mammectomie )
Cette opération n’est choisie que lorsqu’il n’est pas possible de recourir à une mammectomie partielle, ce qui arrive dans environ 20 % des cas, notamment, en cas de tumeur trop avancée ou de type particulier.
La radiothérapie
Elle permet surtout d’agir localement et directement sur la zone affectée ou sur les aires ganglionnaires pour éliminer les cellules malignes ayant échappé à la chirurgie.
On y a également recours en cas d’impossibilité d’opération, de multiplicité des ganglions touchés ou de risques de récidives.
Il en existe deux types qui pourront être combinés en fonction du diagnostic.
– La radiothérapie externe
Les radiations sont émises par un appareil externe au patient, cinq jours par semaine pendant quelques semaines et sans hospitalisation.
– La radiothérapie interne
Les rayons proviennent de tubes placés provisoirement à l’intérieur du sein. Elle impose une courte hospitalisation pour l’implantation du matériel.
Les trois thérapies suivantes restent le plus souvent des traitements adjuvants:
L’hormonothérapie
Elle complète la chirurgie (et éventuellement la radiothérapie ou la chimiothérapie) pour limiter au maximum le risque de récidives et de métastases.
Les médicaments qu’elle utilise ralentissent la croissance des cellules malignes en bloquant l’action de certaines hormones.
Elle n’est efficace que quand celles-ci disposent de récepteurs hormonaux à leur surface, car le développement tumoral est alors stimulé par les œstrogènes. On en distingue alors trois types qui agissent chacun à leur manière contre ces œstrogènes.
– Les inhibiteurs de l’aromatase (ou IA)
Ils inhibent la production d’œstrogènes favorisée par l’aromatase qui entraîne la multiplication de cellules malignes.
– Les SERM anti-oestrogènes (ou « Selective Estrogen Receptor Modulators »)
Ils prennent la place des œstrogènes au niveau des récepteurs hormonaux afin d’empêcher l’action favorable de certaines hormones sur les cellules malignes.
– Les SERD (ou « Selective Estrogen Receptor Degradation »)
Ils endommagent les récepteurs hormonaux des cellules pour empêcher les œstrogènes d’agir dans les zones atteintes.
La chimiothérapie
La chimiothérapie est souvent employée en complément de la chirurgie (mais peut parfois la précéder) pour détruire des cellules cancéreuses situées hors de la tumeur et pour limiter les risques de récidive.
Associée à une radiothérapie, elle la précède le plus souvent pour en réduire les effets secondaires qui seraient plus importants dans l’ordre inverse.
En présence de métastases, elle devient le traitement de référence, seule, en association avec l’hormonothérapie ou avec des thérapies ciblées.
Les médicaments auxquels elle a recours atteignent la plupart des zones du corps, ils ont pour but de cibler les récepteurs dits « HER2 ». On y a recours surtout si la tumeur est « HER2 positive » (dans près de 20% des cas).
On en distingue principalement deux types :
– La chimiothérapie adjuvante
Elle permet de détruire des métastases (ce que ne permettent pas les thérapies locales) et suit en général rapidement la chirurgie.
– La chimiothérapie néo-adjuvante
On l’utilise avant la chirurgie, elle permet d’envisager une réduction de la taille de la tumeur favorisant ainsi un traitement chirurgical conservateur.
Les thérapies ciblées
Elles peuvent compléter une opération chirurgicale en utilisant des anticancéreux innovants qui bloquent spécifiquement les mécanismes des cellules atteintes (à l’inverse des chimiothérapies) par ciblage d’une caractéristique plus fréquente chez elles.
Plusieurs thérapies ciblées peuvent être utilisées simultanément ou pas.
Elles présentent souvent par rapport aux autres traitements des effets secondaires réduits et une meilleure efficacité. Dans le cas des cancers du sein HER2 positifs, elles complètent la chimiothérapie et augmentent la probabilité de disparition de la tumeur après chirurgie (plus de 40% des cas).
Conférence du Dr SEBBAN sur les avancées en chirurgie de cancer du sein
Quelques éléments bibliographiques
https://www.ligue-cancer.net/localisation/sein#7
https://www.e-cancer.fr/Patients-et-proches/Les-cancers/Cancer-du-sein/Traitements
https://www.ligue-cancer.net/nos-missions/le-depistage-du-cancer/depistage-du-cancer-du-sein
https://www.fondation-arc.org/cancers-sein-traitements
https://www.gustaveroussy.fr/fr/cancer-sein/traitement
https://www.ligue-cancer.net/article/7493_la-radiotherapie
https://curie.fr/dossier-pedagogique/cancer-du-sein-les-traitements-locaux
https://www.centreleonberard.fr/228-Cancer-du-sein-Traitements.clb.aspx?language=fr-FRt
https://www.e-cancer.fr/Patients-et-proches/Les-cancers/Cancer-du-sein/Hormonotherapie
Le Docteur Eric Sebban est chirurgien gynécologue et cancérologue, spécialisé en chirurgie gynécologique, mammaire et cancérologique.