Cancer du sein agressif : un nouveau gène identifié par des chercheurs australiens

Cancer du sein agressif : un nouveau gène identifié par des chercheurs australiens

- août 15, 2022
4.6/5 - (7 votes)

Des scientifiques de l’institut Harry Perkins de Perth, en Australie, ont réussi à identifier un nouveau gène qui serait impliqué dans certaines formes agressives de cancer du sein, au mauvais pronostic. Les résultats de cette étude représentent un nouvel espoir pour la création de nouveaux traitements capables d’améliorer la survie des patientes touchées par ces tumeurs du sein souvent mortelles. Ils sont parus dans la revue Nature Communications en mars 2021.

Particularités du cancer sein hormono-dépendant

On parle de cancer hormono-dépendant, ou hormono-sensible, lorsque la croissance de la tumeur est directement influencée par les hormones œstrogène et progestérone. C’est le cas d’une majorité des tumeurs prostatiques, et d’une bonne partie des cancers du sein. L’hormone responsable se fixe sur un récepteur spécifique situé sur les cellules tumorales et stimule leur prolifération, et donc, la croissance de la tumeur.

Les cancers mammaires hormono-dépendants sont des formes particulièrement agressives de mauvais pronostic, ce qui peut compliquer leur prise en charge thérapeutique.

Lire aussi notre article sur un nouveau médicament destiné à lutter contre les formes agressives de cancer du sein

 

Ce type de tumeurs du sein regroupe en fait plusieurs types de cancers susceptibles de répondre de manière différente aux traitements. Aujourd’hui, le traitement de référence est l’hormonothérapie en raison de ses bons résultats par rapport aux autres traitements des cancers non hormono-dépendants.

Toutefois, certaines patientes touchées par une forme particulière de cancer du sein hormono-sensible ne présentent pas une bonne réponse à l’hormonothérapie. On dit que le cancer résiste au traitement. Ceci est un véritable problème puisqu’il s’agit de tumeurs très agressives difficiles à traiter.

Mais des scientifiques australiens ont mis en lumière l’implication d’un gène particulier responsable de ce type de cancer agressif, ce qui permettrait d’augmenter les chances de survie de ces patients.

 

Un gène spécifique impliqué dans certaines tumeurs du sein hormono-dépendantes agressives

Les chercheurs australiens se sont donc penchés sur un sous-groupe de cancers du sein hormono-dépendants, non déterminés, plus volumineux, très agressifs et qui ont tendance à se propager plus facilement aux ganglions lymphatiques avec un taux de mortalité élevé (environ 50 %).

Génétique et cancer du sein

Ils ont mis en évidence la présence anormalement élevée de la protéine AAMDC pour ce type de cancers. Ce gène AAMDC favoriserait la croissance de la tumeur en boostant la prolifération des cellules tumorales. Par ailleurs, elle serait capable de protéger les cellules cancéreuses face à l’action de l’hormonothérapie administrée dans le cadre du traitement du cancer, ce qui empêche la guérison des malades en les rendant résistants au traitement.

Le Dr Pilar Blancafort, co-autrice de l’article et responsable du groupe épigénétique du cancer de l’Institut australien, précise que la protéine AAMDC rend les cellules tumorales plus adaptables lorsqu’elles sont soumises au stress du traitement anticancer.

Lire aussi notre article sur l’implication des modifications épigénétiques sur le cancer du sein

 

En temps normal, l’hormonothérapie offre de bons résultats. Mais pour ce sous-groupe de cancer hormono-dépendant, la privation œstrogénique n’a pas d’effet. Elle pourrait même déclencher un signal capable de faire grandir la tumeur, ce qui produit le résultat inverse de l’effet recherché par un traitement anticancer.

L’équipe parle alors de « kit de survie » : la protéine AAMDC permet aux tumeurs de s’adapter à des conditions de stress métabolique pour les protéger, en boostant la croissance et la prolifération des cellules tumorales.

La structure de cette protéine AAMDC est différente de toutes les autres protéines connues dans le corps humain. Cette singularité suggère que la protéine est capable d’agir différemment des autres protéines contenues dans les cellules de l’organisme.

 

Pourquoi cette découverte est-elle importante ?

Les données fournies par les scientifiques australiens sont d’une importance capitale, car elles permettent de mettre en lumière un phénomène spécifique, ce qui peut aider les médecins à identifier ce type spécifique de cancers du sein agressifs en cherchant des taux élevés de protéine AAMDC dans les cellules tumorales. Elle agirait comme un marqueur du cancer.

De plus, cette information précieuse va permettre d’élaborer de nouveaux traitements adaptés à ce type de cancers agressifs afin de bloquer les voies d’action de l’AAMDC pour éliminer les cellules cancéreuses et restaurer la sensibilité de la tumeur aux traitements hormonaux classiques.

Publié par Dr. Eric Sebban
Le Docteur Eric Sebban est chirurgien gynécologue et cancérologue, spécialisé en chirurgie gynécologique, mammaire et cancérologique. [mt-bootstrap-button btn_text="Prendre rendez-vous en ligne avec le Docteur Eric Sebban" btn_url="https://goo.gl/pbV14U" btn_size="btn btn-medium" align="text-left" color="#3498db" border_color="#555555" animation="bounce"]