Des chercheurs de Londres ont fait une découverte capable de révolutionner le traitement des formes avancées du cancer du sein.
Le cancer du sein reste l’un des cancers les plus fréquents chez la femme. Il représente un quart de tous les cancers diagnostiqués chez la femme à travers le monde. Si les progrès en termes de traitement et de diagnostic améliorent le pronostic, les formes agressives avec métastases restent difficiles à traiter.
Cancer du sein agressif
Le cancer du sein de stade avancé, ou métastatique, ne peut être guéri. Cependant, de nombreux traitements existent pour tenter de ralentir la progression des cellules tumorales. Les traitements du cancer du sein agressifs ont surtout un rôle de confort puisqu’ils permettent d’améliorer la symptomatologie et la qualité de vie des patients.
La difficulté dans ce type de cancer est la résistance aux médicaments. Chez beaucoup de patientes en récidive de cancer du sein, les traitements sont moins efficaces, car les cellules cancéreuses sont devenues résistantes aux traitements.
Lutter contre la résistance aux thérapeutiques
Les traitements actuels sont surtout prescrits à visée antalgique et dépendent des caractéristiques de la tumeur, de l’historique personnel et médical de la patiente, des traitements antérieurs administrés, des symptômes présents et de l’étendue de la propagation tumorale. Ces traitements peuvent être la radiothérapie, la chimiothérapie ou l’immunothérapie.
La difficulté majeure des traitements du cancer du sein de stade avancé est la capacité des cellules tumorales à résister aux traitements. Lorsque l’on induit un traitement qui fonctionne pour diminuer la taille de la lésion, il n’est pas rare d’observer ensuite une résistance, permettant aux cellules cancéreuses de se propager.
Un nouveau traitement des tumeurs agressives du sein ?
Une étude récente a démontré les bénéfices d’un nouveau type de traitement pouvait être utilisé pour traiter les cancers du sein de stade avancé. Ce traitement serait utilisé pour bloquer l’évolution de la tumeur afin de surseoir à la chimiothérapie.
Cette étude s’inscrit dans la volonté de poursuivre l’amélioration de la prise en charge des cancers de sein. Elle pourrait ouvrir la voie à la conception de plusieurs médicaments pour traiter le cancer du sein agressif.
L’équipe de chercheurs de l’Institut de recherches du Cancer de Londres a donc mis en évidence le médicament BOS172722 capable d’accélérer le processus de division cellulaire des cellules cancéreuses, provoquant de ce fait des anomalies dans le fractionnement de l’ADN. Cette action permettrait de ralentir voire d’empêcher le développement et la prolifération des cellules cancéreuses. Dans ces conditions, le recours à la chimiothérapie ne serait pas nécessaire.
Note: Les recherches conduites par l’équipe de recherches de cancer de Londres en lien avec le médicament BOS172722 ne constituent pas à l’heure actuelle un « standard of care » des tumeurs mammaires agressives. Le Dr Sebban n’est donc pas habilité à administrer ce traitement expérimental.
Comment ce nouveau médicament fonctionne-t-il ?
Les mécanismes de résistance aux traitements sont complexes. Le processus intervient au moment de l’évolution cellulaire. La division des cellules se déroule selon un cycle cellulaire particulier. De façon très schématique, ce cycle est constitué de deux phases :
1) La duplication des chromosomes de l’ADN de la cellule,
2) La mitose (ségrégation de deux chromosomes « filles »).
La protéine kinase Mps1 est un des acteurs majeurs de la mitose et de la division cellulaire. Elle permet de veiller au bon agencement des chromosomes durant la mitose entre les paires. Par ailleurs, elle s’assure que la division des cellules se passe au bon rythme, sans accélération précoce.
Durant cette phase, l’administration d’un médicament capable de bloquer la protéine Mps1 permet d’accélérer le processus de division des cellules cancéreuses. Ainsi, celles-ci recevront un nombre de chromosomes inapproprié, ce qui provoquera leur mort. Le médicament force donc les erreurs fatales de l’ADN de façon à détruire les cellules tumorales.
Le médicament était en cours d’essais de phase 1 à la fin de l’année 2019. La phase 2 devrait suivre rapidement. Si les résultats sont concluants, cela ouvrirait la voie vers l’élaboration de nouveaux traitements capable de contourner la résistance des cellules cancéreuses.
Cette découverte est une véritable révolution en matière de traitement des formes agressives de cancer du sein. En combinaison d’un traitement par chimiothérapie, elle représente notamment un espoir dans la lutte contre le cancer du sein triple négatif, difficile à traiter et pour lequel les traitements ne sont pas très efficaces. L’élaboration d’un nouveau traitement médicamenteux offrirait une option supplémentaire pour les patients devenus résistants à l’administration de la chimiothérapie seule. Cela pourrait permettre d’augmenter la durée de vie des patients porteurs de tumeurs avancées.
Le Docteur Eric Sebban est chirurgien gynécologue et cancérologue, spécialisé en chirurgie gynécologique, mammaire et cancérologique.