Cancer du col de l’utérus : les facteurs et cofacteurs de risques

Cancer du col de l’utérus : les facteurs et cofacteurs de risques

- octobre 11, 2019
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Le cancer du col de l’utérus touche en France environ 3 000 femmes par an. L’infection à papillomavirus humain (HPV) en est en grande partie responsable. Cependant, d’autres facteurs de risque associés (cofacteurs) peuvent favoriser le développement du cancer du col de l’utérus.

 

Cancer du col de l’utérus : statistiques

  • le taux de survie du cancer du col de l’utérus peut être estimé, en France, à 63 % à 5 ans. Il dépend bien sûr du type de tumeur cancéreuse et de son stade
  • les trois quarts des cancers du col de l’utérus sont diagnostiqués chez les patientes âgées de moins de 65 ans
  • seulement 24 % des jeunes filles de 16 ans sont vaccinés contre le HPV, et 59 % des femmes âgées de 25 à 65 ans sont dépistées

 

 

Principal facteur de risque : le papillomavirus humain (HPV)

L’apparition du cancer du col de l’utérus est liée dans la plupart des cas au HPV. Le HPV est un virus qui se transmet par contact sexuel (pénétration, contact buccogénital, caresse génitale). On estime que 80 % des femmes sont infectées par ce virus au cours de leur vie. Le virus disparaît spontanément, sauf pour 10 % des patientes chez qui il persiste au niveau de la muqueuse du col utérin. Chez ces femmes, le HPV peut provoquer des lésions précancéreuses susceptibles de muter en lésions cancéreuses.

Le virus HPV peut être de plusieurs types, dont 13 sont cancérigènes. Les types de HPV les plus propices au développement du cancer de l’utérus sont l’HPV16 et l’HPV18, qui à eux seuls sont impliqués dans 70 % des cancer du col utérin.

La vaccination permet de prévenir l’infection HPV, mais ne protège pas contre tous les types de virus. Le vaccin peut être :

  • bivalent (protège contre l’HPV16 et l’HPV18) ;
  • quadrivalent (protège contre l’HPV6, l’HPV11, l’HPV16 et l’HPV18).

 

Cofacteurs de risque du cancer du col de l’utérus

La seule présence du HPV présente un haut risque de développement du cancer du col de l’utérus, mais n’est pas suffisante. D’autres facteurs associés semblent augmenter le risque : on parle alors de cofacteurs.

 

1.Tabac

Le tabagisme actif favorise la persistance de l’infection au VPH au sein du col utérus et augmente le risque de développer des lésions précancéreuses du col.

 

2.Activité sexuelle

Le cancer du col utérin apparaît généralement chez les femmes qui sont actives sexuellement. Le risque d’infection au HPV est multiplié par les contacts sexuels. Par ailleurs, il semblerait que l’âge à partir duquel les femmes sont sexuellement actives peut avoir une influence sur la survenue du cancer du col utérin. Cette augmentation du risque serait liée, selon les chercheurs, aux modifications qui surviennent à la puberté dans la région du col, rendant cette partie plus vulnérable aux lésions.

Le risque d’exposition au HPV augmente par ailleurs avec l’augmentation du nombre de partenaires sexuels. Le risque est également plus présent pour les femmes dont les partenaires masculins multiplient les partenaires sexuels féminins, ou ayant eu des rapports avec des patientes atteintes de cancer du col utérin.

 

3.Multiparité

L’infection au HPV serait plus fréquente chez les femmes ayant accouché par voie basse plusieurs fois. Ces résultats nécessitent des investigations complémentaires afin d’évaluer si les changements hormonaux ou les traumatismes causés par de multiples accouchements sont en cause.

 

4.Infection au virus de l’immunodéficience humaine (VIH)

Le VIH affaiblit le système immunitaire et accroît le risque de contracter une infection au HPV. Chez les patientes atteintes du VIH, les cellules précancéreuses sont plus propices à évoluer en cancer du col de l’utérus.

 

5.Infections sexuellement transmissibles (IST)

Certaines IST représentent un facteur de risque supplémentaire qui, associé à une infection par HPV, augmente les chances de développer un cancer du col de l’utérus. C’est le cas du chlamydia trachomatis, et de l’herpès-virus humain 2 (HHV-2).

 

6.Contraceptifs oraux

La pilule contraceptive peut, si elle est prise durant plusieurs années, présenter un risque augmenté d’apparition d’un cancer du col utérin. Ce risque semble diminuer avec l’arrêt des contraceptifs oraux.

 

7.Exposition au Diesthylstilbestrol in utero (DES)

Le Diéthylstilbestrol (DES) est une forme d’œstrogène utilisée entre 1940 et 1970 comme traitement de certaines anomalies durant la grossesse (par exemple, pour éviter les fausses couches). Son usage a été interrompu depuis 1971. Il semblerait pourtant que les patientes dont les mères ont été traitées par ce traitement pendant leur grossesse, présentent une augmentation du risque de cancer du col de l’utérus, et notamment de carcinome à cellules claires.

 

8.Immunosuppresseurs

Un lien a été établi entre la prise d’immunosuppresseurs et le cancer du col de l’utérus. Cependant, ces résultats sont encore incomplets et semblent révélateurs seulement chez les femmes ayant reçu une greffe d’organe.

 

Quels sont les symptômes du cancer du col de l’utérus?

Rarement, et à un stade avancé, il peut exister des symptômes locaux spécifiques, comme :

  • Des saignements survenant après les rapports sexuels,
  • Des saignements en dehors des règles,
  • Des pertes blanches,
  • Des douleurs pelviennes ou du bas du dos
  • Ou encore des douleurs provoquées par les rapports sexuels.

À un stade précoce, le cancer du col utérin n’est pas symptomatique, c’est pourquoi les femmes se situant dans la tranche d’âge concernée par le dépistage (25-65ans) doivent faire le FCU (frottis cervico-utérin), en dehors même de tout symptôme.

 

Existe-t-il un dépistage du cancer du col de l’utérus ?

Il existe un dépistage des lésions précancéreuses du cancer du col de l’utérus.

Ces lésions, appelées CIN pour néoplasies cervicales intra-épithéliales, peuvent régresser spontanément et sans traitement, ou se transformer plus tard en cancer.

L’intérêt du dépistage est de prendre en charge ces lésions à fort potentiel de malignité, une fois qu’elles sont encore bénignes, avant que celles-ci dégénèrent en cancer.

Ce dépistage s’adresse à toutes les femmes, qu’elles aient ou non des facteurs de risque de développer un cancer du col, et qu’elles aient ou non été vaccinées contre le HPV (Human Papilloma Virus), et ceci, de leur 25 à leur 65 ans.

Le FCU, ou test de Papanicolaou (test PAP) est un geste non douloureux, qui peut être réalisé par un médecin gynécologue, une sage-femme, un médecin traitant, dans un cabinet ou dans un centre de planification familiale.

La patiente est installée en position gynécologique afin que l’opérateur prélève des cellules du col de l’utérus et du vagin.

Le frottis est ensuite étalé sur une lame de verre pour être examiné au microscope à la recherche de cellules anormales.

Des études ont montré que 90% des cancers du col de l’utérus pourraient être évités si toutes les patientes réalisaient leur FCU dans les délais recommandés.

Le frottis de dépistage est recommandé tous les trois ans, après deux frottis normaux réalisés à un an d’intervalle.

 

Que se passe-t-il si le frottis cervico-utérin revient positif ?

Si le frottis est positif, trois types de prise en charge peuvent être proposés à la patiente :

  • Un nouveau frottis à six mois
  • Un test de détection des HPV
  • Une colposcopie, qui est un examen permettant d’examiner le col utérin.

Un colorant peut être appliqué afin de mettre en évidence les lésions pré-cancéreuses et d’orienter les prélèvements biopsiques.

Au terme de ces examens complémentaires, et en fonction de leurs résultats, un bilan biologique complet et des biopsies cervicales pour analyse histologique des lésions peuvent être proposés.

 

Peut-on guérir du cancer du col de l’utérus ?

Le cancer du col utérin est responsable de 1 000 décès chaque année en France.

Il est tout à fait possible de guérir du cancer du col de l’utérus. Plus le stade est avancé, plus le pourcentage de guérison diminue.

Puisque la vaccination ne protège pas contre tous les types de HPV, il est important d’observer un suivi régulier grâce aux frottis de dépistage tous les 3 ans chez les femmes âgées de 25 à 65 ans, même chez les patientes vaccinées.

 

Publié par Dr. Eric Sebban
Le Docteur Eric Sebban est chirurgien gynécologue et cancérologue, spécialisé en chirurgie gynécologique, mammaire et cancérologique. [mt-bootstrap-button btn_text="Prendre rendez-vous en ligne avec le Docteur Eric Sebban" btn_url="https://goo.gl/pbV14U" btn_size="btn btn-medium" align="text-left" color="#3498db" border_color="#555555" animation="bounce"]