Le syndrome douloureux post-mastectomie (SDPM)

Le syndrome douloureux post-mastectomie (SDPM)

- juin 14, 2019
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Suite à une mastectomie réalisée dans le cadre du traitement d’un cancer du sein, les patientes peuvent ressentir des douleurs dans la paroi thoracique, l’aisselle, ou le bras. Si la plupart d’entre elles disparaissent spontanément, elles peuvent aussi persister chez certaines femmes, même à distance de l’ablation mammaire. C’est ce qu’on appelle le syndrome douloureux post-mastectomie (SDPM).

L’importance de ces douleurs chroniques varie de la simple gêne à une souffrance beaucoup plus invalidante. Le SDPM peut être extrêmement handicapant pour ces patientes qui se battent déjà au quotidien contre le cancer du sein.

Qu’est-ce que le syndrome douloureux post-mastectomie ?

Le syndrome douloureux post-mastectomie se caractérise par des douleurs de type neuropathique, survenant principalement chez les femmes qui ont subi une mastectomie. Cette douleur apparaît après une détérioration des nerfs du sein ou de creux axillaire lors de l’ablation du sein, ou lorsqu’il se forme du tissu cicatriciel sur ces nerfs après une chirurgie mammaire. Le SDPM peut également toucher les patientes ayant subi une tumorectomie avec ou sans curage ganglionnaire axillaire.

Les interventions chirurgicales sur la partie supéro-externe du sein et la région axillaire pourraient être les plus à risque. La technique du ganglion sentinelle semble toutefois réduire l’apparition du SDPM.

 

Syndrome douloureux post-mastectomie : les symptômes

Suite à un cancer du sein, les symptômes classiques du SDPM sont des douleurs et des picotements dans la paroi thoracique, le bras, et l’aisselle du côté opéré. Une douleur peut aussi survenir au niveau d’une cicatrice chirurgicale, ou même de l’épaule. La douleur est parfois majorée à l’effort, lors des mouvements du bras ou de l’épaule. Elle peut s’exprimer sous plusieurs formes : tantôt par une brûlure constante, tantôt par l’apparition brutale de décharges électriques intenses, ou sensation de « coup de poignard ».

D’autres plaintes fonctionnelles peuvent apparaître, telles que : engourdissement, douleurs de type piqûre, démangeaisons insupportables. Il arrive toutefois que les patientes atteintes de SDPM ne soient pas gênées dans leur vie quotidienne.

Ces douleurs surviennent de façon spontanée ou sont provoquées par la palpation, même délicate. Parfois, le simple frottement d’un vêtement peut être insupportable.

Les douleurs importantes influent largement sur la qualité de vie des patientes, qui peuvent alors présenter d’autres symptômes de type : limitation de l’amplitude du bras, insomnie, anxiété, dépression…

 

Facteurs de risque du syndrome douloureux post-mastectomie

Les causes de survenue du SDPM ne sont pas connues avec certitude. On estime cependant que plusieurs facteurs de risque auraient une influence sur l’apparition de ce syndrome douloureux :

  • le jeune âge d’une patiente ;
  • l’obésité ou le surpoids ;
  • une tumeur de grande taille ;
  • un curage axillaire ganglionnaire ;
  • un traitement complémentaire par radiothérapie ou chimiothérapie ;
  • une mauvaise technique chirurgicale ;
  • une prise en charge postopératoire de la douleur insuffisante, voire inexistante ;
  • l’anxiété ;
  • une reconstruction mammaire immédiate ;
  • des complications postopératoires (infections, saignements).

 

L’opération de mastectomie semble être une des causes principales de survenue de ces douleurs, c’est au cours de cette intervention que les nerfs peuvent être endommagés. De même, les complications postopératoires peuvent entraîner de multiples séquelles. Il est donc indispensable de faire appel à un chirurgien expérimenté pour réaliser cette intervention chirurgicale, afin de minimiser les risques d’effets secondaires post-mastectomie et respecter un suivi postopératoire de qualité.

 

Syndrome douloureux post-mastectomie : les traitements

Le SDPM peut être traité. Néanmoins, l’effet antalgique de certains médicaments de type analgésique (y compris les opioïdes) n’est pas toujours suffisant pour gérer la douleur et les symptômes. La prise en charge thérapeutique de la douleur comprend :

  • des antalgiques ;
  • une neurostimulation électrique transcutanée ;
  • des traitements à base de corticoïdes en application locale ;
  • des massages – drainages lymphatiques ;
  • des injections de toxine botulinique de type A (Botox) ;
  • des injections d’analgésiques ou de corticoïdes.

 

Une prise en charge psychologique peut être intéressante pour compléter le traitement médicamenteux du SDPM. Ce dernier peut en effet se nourrir des blessures psychiques liées au cancer : l’image de soi détériorée, le deuil d’un sein, les difficultés liées à la vie après-cancer…

 

La douleur du sein fantôme

Outre le SDPM, il existe une douleur post-mastectomie que l’on appelle la douleur du sein fantôme. Chez les patientes les plus fragiles, ce phénomène peut s’apparenter à la perte d’un membre amputé dont on conserverait la sensation, les douleurs, et la gêne. Cette douleur du sein fantôme peut être particulièrement angoissante et s’installer dans le temps si elle n’est pas prise en charge auprès d’un service spécialisé de consultation de la douleur.

 

Le SDPM peut être très handicapant et peut empêcher les patientes d’utiliser leur bras de façon optimale. En laissant s’installer ces douleurs, la perte de capacité d’utilisation normale du membre supérieur peut survenir. Quelle que soit l’intensité des douleurs ressenties, il est important d’en parler rapidement à votre médecin afin qu’il puisse réaliser une évaluation complète et distinguer les douleurs courantes du SDPM.

 

Publié par Dr. Eric Sebban
Le Docteur Eric Sebban est chirurgien gynécologue et cancérologue, spécialisé en chirurgie gynécologique, mammaire et cancérologique. [mt-bootstrap-button btn_text="Prendre rendez-vous en ligne avec le Docteur Eric Sebban" btn_url="https://goo.gl/pbV14U" btn_size="btn btn-medium" align="text-left" color="#3498db" border_color="#555555" animation="bounce"]