Cancer de l’ovaire : une nouvelle protéine pourrait empêcher le développement des métastases

Cancer de l’ovaire : une nouvelle protéine pourrait empêcher le développement des métastases

- novembre 17, 2019
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Une nouvelle étude menée par des chercheuses québécoises a dévoilé des premiers résultats encourageants pour le traitement du cancer des ovaires. Les essais portent sur le rôle prédominant d’une protéine dans l’apparition des métastases.

Le cancer de l’ovaire est diagnostiqué chez 4 500 nouvelles patientes chaque année en France. Dans la majorité des cas, cette maladie est découverte à un stade déjà bien avancé, entraînant un taux de survie peu élevé à 5 ans.

 

Cancer des ovaires : une protéine responsable du développement des métastases

Ces travaux, conduits au CRCHUM par une équipe scientifique menée par les Docteurs Anne-Marie Mes-Masson et Diane Provencheront, ont permis de mieux comprendre le processus de formation des métastases. Cette piste est encourageante pour les possibilités de guérison. Les chercheuses montréalaises travaillent sur le cancer de l’ovaire depuis une trentaine d’années. Elles connaissent aujourd’hui le mode de déplacement des cellules cancéreuses, ce qui permettrait d’enrayer le développement des localisations secondaires à distance.

Les premiers résultats de cette étude ont été publiés dans la revue scientifique Nature Communications en juin 2019. Ils révèlent le rôle crucial d’une protéine dans le développement des métastases de la maladie. Ces révélations permettraient d’adapter le traitement du cancer des ovaires afin de contrer les effets de cette protéine en la bloquant.

Pour analyser ce processus, les deux scientifiques ont travaillé sur des tissus humains, en provenance de patientes traitées par chirurgie. Les recherches se sont concentrées sur la comparaison de cancers de stade précoce avec un faible risque de malignité à des cancers de stade beaucoup plus avancé, afin de découvrir les différences de mécanismes au niveau cellulaire.

 

Traitement du cancer des ovaires : empêcher la migration des cellules cancéreuses

Cellules cancéreuses ovrairesCes analyses ont permis de mettre en évidence le rôle clé d’une protéine dans le développement des métastases. Baptisée Ran, la protéine jouerait le rôle de « taxi » pour véhiculer les cellules cancéreuses pour une autre protéine, appelée RhoA. Ce fonctionnement aurait un rôle déterminant dans l’apparition des métastases, puisqu’il permet aux cellules cancéreuses de migrer vers d’autres parties de l’organisme pour former des localisations secondaires (métastases). Les scientifiques affirment que sans la protéine Ran, la protéine RhoA ne peut accéder à la membrane d’une cellule cancéreuse. Pour se déplacer, elle doit être fixée à Ran.

Les chercheuses avaient déjà évoqué l’hypothèse, dans le cadre de recherches précédentes. Les travaux avaient cependant été menés sur des souris, et permettaient de faire disparaître des tumeurs en inhibant la protéine Ran. L’essai a conclu à une hypothèse :  une cellule saine peut se passer de Ran pour une certaine durée, contrairement à une cellule tumorale qui en dépend. Les cellules du cancer de l’ovaire ont donc besoin de Ran pour survivre.

Rhoa n’a pas besoin de Ran pour pénétrer une cellule normale. Si les recherches permettent de supprimer Ran, Rhoa n’aurait plus la possibilité de faire circuler les cellules cancéreuses. En inhibant la capacité d’une cellule à migrer, les chercheuses évoquent la possibilité de minimiser l’apparition et le développement des métastases.

 

Une avancée considérable pour les nouvelles thérapies du cancer des ovaires

Ces découvertes sont porteuses d’espoir. Les scientifiques travaillent aujourd’hui à l’élaboration de molécules capables d’inhiber la protéine Ran. La conception de telles molécules permettrait de faire des progrès considérables dans le traitement du cancer des ovaires. Les médecins pourraient alors proposer à leurs patientes un meilleur traitement du cancer des ovaires pour plus d’efficacité.

Ces avancées seraient aussi cruciales pour mieux comprendre le mécanisme de formation des métastases pour d’autres types de cancers. Des essais cliniques sont prévus en ce sens.

 

Cancer de l’ovaire : un dépistage difficile

Le cancer de l’ovaire n’est pas le cancer féminin le plus fréquent, mais il est très meurtrier. Son diagnostic est réalisé souvent tardivement, à un stade déjà très avancé. Cela est dû en grande partie à des difficultés dans son dépistage, mais aussi dans sa prise en charge thérapeutique. Le taux de survie des patientes est amélioré par une combinaison de traitements. Cependant, il est encore difficile aujourd’hui de guérir la maladie, et 90 % des décès sont entraînés par des métastases.

Cette nouvelle étude apporte donc un regain d’espoir et permettrait d’élaborer de nouvelles thérapies du cancer de l’ovaire.

 

Sources :

Publié par Dr. Eric Sebban
Le Docteur Eric Sebban est chirurgien gynécologue et cancérologue, spécialisé en chirurgie gynécologique, mammaire et cancérologique. [mt-bootstrap-button btn_text="Prendre rendez-vous en ligne avec le Docteur Eric Sebban" btn_url="https://goo.gl/pbV14U" btn_size="btn btn-medium" align="text-left" color="#3498db" border_color="#555555" animation="bounce"]