Une nouvelle étude prometteuse pour prédire l’évolution des cellules cancéreuses dans le sein

Une nouvelle étude prometteuse pour prédire l’évolution des cellules cancéreuses dans le sein

- août 27, 2019
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Les premiers résultats d’une étude à grande échelle viennent d’être révélés par Breast International Group (BIG). Baptisée Aurora, elle permet d’étudier le parcours des cellules cancéreuses lors de leur migration, afin de cartographier les chemins empruntés vers les autres parties du corps. Cela permettrait de découvrir pourquoi certains patients sont prédisposés à développer un cancer du sein métastasé. Les données permettraient également d’élaborer de nouvelles thérapies pour le cancer du sein de stade avancé.

Pour mémoire, un cancer du sein sur trois est de stade avancé, c’est-à-dire que des cellules malignes ont migré vers d’autres localisations du corps pour former des métastases. Le cancer du sein métastasé reste difficile à traiter et est responsable de la majorité des décès liés au cancer du sein.

 

Cartographier les itinéraires empruntés par les cellules cancéreuses

Le programme de recherche Aurora a pour but d’analyser un panel de gènes à différents stades du cancer du sein. En étudiant les itinéraires empruntés par les cellules cancéreuses, il serait possible d’anticiper leurs mouvements et d’utiliser de nouvelles thérapies du cancer du sein de manière plus ciblée pour les bloquer. Les données collectées permettraient d’enrayer le processus métastatique de la maladie en bloquant la migration des cellules cancéreuses.

Le Dr Philippe Aftimos, co-chercheur principal de l’étude, et responsable du développement des essais cliniques à l’Institut Jules Bordet à Bruxelles en Belgique, a annoncé les premiers résultats de l’étude lors du congrès ESMO de Berlin en Allemagne, qui a eu lieu en mai dernier. Les résultats de 381 patients inclus au sein de l’étude (sur les 1000 prévus) ont permis d’identifier des altérations génomiques en nombre important dans les localisations secondaires à mettre en relation avec le développement des cellules cancéreuses, ainsi qu’une résistance aux traitements habituels de référence.

Les scientifiques considèrent qu’une partie des altérations moléculaires ainsi reconnues pourraient aider les oncologues lors du choix des traitements. Des essais cliniques spécifiques pourraient être ainsi envisagés pour plus de patients.

Des échantillons sanguins ont aussi été étudiés : l’analyse de fragments d’ADN tumoral révèle chez certains patients la présence des altérations moléculaires qui ne seraient pas observées lors des biopsies de lésion tumorale. L’environnement immunitaire tumoral est actuellement toujours en analyse, les résultats seront révélés au fur et à mesure de l’avancée de l’étude. Ces données peuvent jouer un rôle déterminant dans le suivi de la maladie cancéreuse.

 

Aurora : le programme de recherche sur le cancer du sein en pratique

L’étude Aurora est conduite par BIG, de façon conjointe avec l’Unité de soutien aux essais cliniques de l’Institut Jules Bordet de Bruxelles, en Belgique. BIG est le réseau de groupes de recherche universitaire le plus important en termes de recherche sur le cancer du sein.

Le programme clinique va collecter pendant 10 ans des milliers d’échantillons de sang et de tissu tumoral afin de générer un catalogue de données cliniques et génétiques sur le cancer du sein métastatique.

Afin d’assurer la cohérence des analyses et éviter les divergences d’interprétation, toutes les données recueillies seront analysées au sein du même laboratoire durant toute la durée du programme. Une plateforme informatique a été créée à cet effet, permettant aux scientifiques impliqués au sein de l’étude d’enregistrer les données cliniques des patients, mais également d’examiner les rapports d’analyses en temps réel.

La collecte des échantillons et des données cliniques est effectuée auprès de tous les patients inclus au sein du programme Aurora, par plusieurs hôpitaux à travers différents pays. 12 pays participent à cette étude (Belgique, Allemagne, Islande, Italie, Luxembourg, Portugal, Pologne, Espagne, Suède, Suisse, Royaume-Uni et Autriche). Les échantillons sont systématiquement envoyés au laboratoire central après leur prélèvement. Les chercheurs étudieront ensuite pas moins de 411 gènes grâce à des techniques de séquençage modernes, afin de repérer les éventuelles altérations. Les résultats sont alors interprétés par une équipe pluridisciplinaire d’experts afin d’identifier les anomalies potentiellement présentes. Ces anomalies pourraient être corrélées à l’évolution du cancer du sein en tumeur métastatique.

 

Les échantillons sont prélevés chez les patients lors du diagnostic initial de cancer du sein non métastatique, mais également sur des lésions secondaires chez les patients présentant des métastases ou une récidive de la maladie. Ces prélèvements seront renouvelés tous les 6 mois pendant une durée de 10 ans, afin de suivre l’évolution de la maladie et repérer les modifications au sein des cellules tumorales.

Cette banque de données inédite permettra d’envisager de nouvelles études cliniques dans le but de concevoir de nouvelles thérapies du cancer du sein, plus ciblées, qui pourront agir plus efficacement sur les cancers du sein métastatique.

 

Sources :

Publié par Dr. Eric Sebban
Le Docteur Eric Sebban est chirurgien gynécologue et cancérologue, spécialisé en chirurgie gynécologique, mammaire et cancérologique. [mt-bootstrap-button btn_text="Prendre rendez-vous en ligne avec le Docteur Eric Sebban" btn_url="https://goo.gl/pbV14U" btn_size="btn btn-medium" align="text-left" color="#3498db" border_color="#555555" animation="bounce"]