Après un cancer de l’utérus est-il possible d’avoir un enfant ?

Après un cancer de l’utérus est-il possible d’avoir un enfant ?

- août 1, 2024
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Chaque année, de nombreuses femmes font face à un diagnostic de cancer de l’utérus. Les solutions thérapeutiques proposées, telles que la chirurgie, la radiothérapie et la chimiothérapie, peuvent affecter les organes reproducteurs et provoquer une ménopause précoce, menaçant la fertilité. Malgré ces enjeux, des options existent pour préserver la capacité à concevoir un enfant après le cancer, offrant de l’espoir aux femmes qui souhaitent devenir mères après leur rémission.

Cancer de l’utérus : l’impact du traitement sur la fertilité

Les traitements du cancer de l’endomètre sont susceptibles d’impacter significativement les capacités à procréer.

La chirurgie comme l’hystérectomie, souvent nécessaire, élimine la possibilité de grossesse naturelle en retirant l’utérus et parfois les ovaires, ce qui compromet la production d’ovocytes.

La radiothérapie et la chimiothérapie, deux autres traitements de référence du cancer de l’utérus, peuvent nuire à la fonction ovarienne et à la viabilité de l’utérus pour une implantation réussie, ce qui réduit aussi les chances de concevoir.

Par ailleurs, l’hormonothérapie, qui vise à contrer la progression de la maladie, peut interférer avec l’ovulation et modifier le cycle menstruel.

Bien que les conséquences de ces thérapies varient en fonction de l’âge et de la réserve ovarienne de chaque femme, elles nécessitent une attention particulière et une planification de la fertilité non seulement en amont, mais aussi pendant et après le traitement anti-cancer.

Lire aussi notre article sur : Comment parler du cancer à son enfant ?

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Traitements du cancer de l’utérus pour préserver la fertilité

Préserver la fertilité des femmes atteintes de lésions cancéreuses de l’utérus peut être complexe d’un point de vue thérapeutique. Cela nécessite une approche personnalisée, multidisciplinaire, au cas par cas. La prise en charge doit prendre en compte les attentes et préférences personnelles, ainsi que les risques spécifiques à chaque situation.

Chez les jeunes femmes désireuses de préserver leur potentiel de grossesse, l’accent est mis sur les options de traitement conservatrices du cancer de l’utérus autant que possible si la situation le permet. La stratégie thérapeutique est élaborée selon la nature du projet du couple, de l’évolutivité du cancer utérin et des probabilités de réapparition de la maladie.

Approche médicale conservatrice

Le traitement médical conservateur privilégie l’usage de progestatifs, des hormones qui limitent le développement des cellules anormales du corps de l’utérus. Ce protocole vise à sauvegarder l’intégrité de l’utérus et des ovaires en préservant ainsi les chances de concevoir, que ce soit par des moyens naturels ou par une solution de PMA. Néanmoins, cette stratégie thérapeutique implique une surveillance rigoureuse et régulière avec des échographies et des biopsies pour évaluer la réponse au traitement et détecter toute évolution des lésions. Elle est déconseillée dans les situations de cancer de stade avancé ou lorsque les indicateurs pronostiques ne sont pas encourageants.

Chirurgie conservatrice

Le traitement chirurgical conservateur implique d’éliminer uniquement la portion de l’utérus affectée par une résection hystéroscopique ou, dans certains cas, de préserver l’organe tout en procédant à l’ablation des ovaires (annexectomie bilatérale). Cette technique permet de maintenir la possibilité de grossesse par assistance médicale à la procréation, bien qu’elle présente des risques de complications postopératoires à type d’insuffisance ovarienne ou de récidive de la tumeur. Cette approche est déconseillée en présence d’un cancer de l’utérus invasif ou de facteurs de pronostic défavorable.

Chirurgie radicale

Le traitement chirurgical radical consiste à enlever l’utérus et les ovaires (hystérectomie totale avec annexectomie bilatérale) et peut inclure également l’ablation des ganglions lymphatiques (curage pelvien). Reconnu pour son efficacité à éradiquer le cancer et minimiser le risque de rechute de la maladie, ce traitement écarte cependant toute possibilité de future grossesse. Il peut être proposé face à un cancer invasif, de facteurs pronostiques négatifs, ou après échec d’un traitement conservateur médical ou chirurgical.

Cancer du col de l’utérus : Peut-on tomber enceinte ?

Malgré les difficultés qu’engendre un cancer de l’utérus sur la fertilité féminine, plusieurs options peuvent être explorées pour concrétiser son projet de grossesse et satisfaire son désir de maternité.

Congélation des ovocytes ou des embryons

Cette technique implique la collecte et la congélation d’ovocytes pour une utilisation future, qui peuvent être fécondés avant ou après leur conservation. Bien qu’elle présente une chance de préserver le patrimoine génétique de la patiente en vue d’une grossesse post-traitement du cancer, cette solution est soumise à des contraintes de temps vis-à-vis de de la mise en route du traitement du cancer, ce qui peut parfois ne pas être compatible avec le caractère urgent de la prise en charge anti-cancer. Par ailleurs, elle n’offre pas de garantie absolue de succès et les ovocytes et les embryons peuvent ne pas survivre après décongélation.

Don d’ovocytes

Le don d’ovocytes provenant d’une donneuse anonyme est aussi une alternative pour concevoir après un cancer. Les ovocytes sont ensuite fécondés avec le sperme du partenaire ou d’un donneur anonyme. Les embryons que l’on obtient avec cette méthode sont ensuite insérés dans l’utérus de la femme ou d’une mère porteuse. La technique permet de tomber enceinte sans avoir recours à ses propres ovocytes, ce qui limite les risques de la décongélation ou de la stimulation ovarienne. Toutefois, elle ne permet pas de conserver son patrimoine génétique pour la femme. Le don d’ovocytes est soumis à certaines conditions en France, il est strictement encadré par la loi.

La gestation pour autrui (GPA)

Elle consiste à recourir à une mère porteuse pour réaliser son projet parental sans utiliser son propre utérus. La GPA peut être une option après une hystérectomie ou une radiothérapie utérine, mais cette démarche n’est pas autorisée en France et implique des démarches parfois complexes et des législations qui varient d’un pays à l’autre.

Malgré les obstacles potentiels, ces solutions permettent aux femmes atteintes d’un cancer de l’utérus d’accéder à la maternité. La faisabilité de chaque projet doit être évaluée au cas par cas en prenant en compte toutes les implications personnelles, médicales et légales.

Publié par Dr. Eric Sebban
Le Docteur Eric Sebban est chirurgien gynécologue et cancérologue, spécialisé en chirurgie gynécologique, mammaire et cancérologique. [mt-bootstrap-button btn_text="Prendre rendez-vous en ligne avec le Docteur Eric Sebban" btn_url="https://goo.gl/pbV14U" btn_size="btn btn-medium" align="text-left" color="#3498db" border_color="#555555" animation="bounce"]