Des chercheurs américains ont expérimenté l’usage de microcapsules à cytokines capables de cibler les tumeurs des ovaires

Des chercheurs américains ont expérimenté l’usage de microcapsules à cytokines capables de cibler les tumeurs des ovaires

- septembre 1, 2022
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Un groupe de scientifiques américains ont expérimenté sur des souris un traitement innovant à base de microcapsules de cytokines pour lutter contre le cancer de l’ovaire et le cancer colorectal. Le nouveau mode d’administration de ces minuscules billes déjà connues pourrait bien devenir une piste prometteuse pour cibler la tumeur et traiter les cancers avancés, bien que de nouvelles investigations (notamment sur l’humain) soient nécessaires.

Un traitement ciblé contre les tumeurs des ovaires peu invasif et efficace

Les résultats sont parus dans la revue Science Advances et concerne une étude scientifique conduite par des chercheurs de l’université Rice, au Texas (États-Unis) sur des rongeurs. Le groupe de chercheurs a pu traiter très rapidement le cancer de l’ovaire et le cancer colorectal chez les souris, même à un stade avancé.

Le traitement par cytokines pro-inflammatoires est déjà connu et utilisé en intraveineuse pour traiter certaines formes de cancer. Cependant, il s’agit d’un traitement qui peut présenter des effets indésirables, comme une inflammation dans une autre région du corps humain.

Experimentation souris traitement tumeur ovaires

Pour éviter ces désagréments et empêcher la survenue de complications, les médecins ont eu l’idée d’administrer des billes minuscules « usines à médicaments » directement dans le corps des rongeurs, permettant aux cytokines de cibler la tumeur de manière plus précise.

Les conclusions de cet essai ont montré de très bons résultats, puisque ce processus de traitement plus ciblé a permis de soigner 100 % des souris porteuses d’un cancer de l’ovaire, et 7 rongeurs sur 8 porteurs d’un cancer colorectal, et ce, en moins d’une semaine.

Cette nouvelle approche thérapeutique est de plus extrêmement pratique puisqu’elle ne nécessite qu’une seule administration.

Pour obtenir de tels résultats, les microbilles de cytokines ont été directement insérées dans le péritoine des animaux, au plus près du siège de la tumeur initiale. On peut alors aisément imaginer une utilisation sur d’autres organes du corps, comme le pancréas ou encore le foie, pour traiter d’autres foyers tumoraux. Il est aussi fort probable que ce système puisse être utilisé pour contenir d’autres traitements, comme des cellules modifiées, ce qui ouvre la porte à de nouvelles perspectives thérapeutiques dans la lutte contre le cancer.

Enfin, parmi les nombreux avantages de ce traitement, on peut citer la possibilité de désactiver les microcapsules de l’extérieur.

 

Particularités du cancer de l’ovaire

Si la science a fait de nombreux progrès tant au niveau du diagnostic que du traitement, le cancer reste une pathologie qui cause encore de nombreux décès à travers le monde, peu importe sa localisation.

Le cancer de l’ovaire est plutôt rare, puisqu’il ne représente qu’un faible pourcentage au sein des cancers féminins. Son incidence n’a pas beaucoup changé avec le temps. Pourtant, il reste un cancer de très mauvais pronostic. En effet, les tumeurs ovariennes ont un taux de mortalité élevé, directement lié avec l’âge des patientes : il augmente chez les femmes après la soixantaine. Chez les femmes plus jeunes âgées de 20 à 44 ans, par contre, le taux de survie est plus important.

Les statistiques peu encourageantes du cancer de l’ovaire s’expliquent majoritairement par un retard de prise en charge. En cause : un diagnostic lent, posé relativement tard pour ces tumeurs. En effet, lorsque le cancer de l’ovaire est diagnostiqué chez la femme, il est généralement déjà à un stade bien avancé de son évolution. C’est le cas pour deux tiers des patientes atteintes d’une tumeur IIIB ou IV (c’est-à-dire, avec un envahissement élevé des cellules tumorales, voire la présence de métastases dans d’autres parties du corps).

En moyenne, le taux de survie à 5 ans d’un cancer de l’ovaire est de 39 %. Chez les femmes porteuses d’une tumeur précoce de stade IA, ce taux est de 83,5 %. Chez les femmes porteuses d’une tumeur de stade IV, ce taux chute à 14,3 %.

À savoir : il n’existe pas, pour l’heure, de dépistage systématique du cancer de l’ovaire en France.

Bien sûr, cet essai encourageant mérite de nombreuses investigations supplémentaires et des tests cliniques chez l’humain avant de pouvoir valider ce traitement à grande échelle. Mais cette découverte pourrait bien révolutionner le traitement des tumeurs ovariennes et colorectales, difficiles à prendre en charge et au pronostic encore trop sombre.

 

Publié par Dr. Eric Sebban
Le Docteur Eric Sebban est chirurgien gynécologue et cancérologue, spécialisé en chirurgie gynécologique, mammaire et cancérologique. [mt-bootstrap-button btn_text="Prendre rendez-vous en ligne avec le Docteur Eric Sebban" btn_url="https://goo.gl/pbV14U" btn_size="btn btn-medium" align="text-left" color="#3498db" border_color="#555555" animation="bounce"]