Préservation de la fertilité et cancer du sein

Préservation de la fertilité et cancer du sein

- décembre 1, 2022
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Cancer du sein et grossesse ne sont pas fatalement incompatibles.

De nos jours, il existe plusieurs techniques de préservation de la fertilité disponibles pour les patientes qui ont un désir de grossesse. Chez les femmes âgées de moins de 40 ans qui souhaitent devenir mère dans le futur, ces techniques sont proposées avant de débuter les traitements du cancer. Chacune de ces méthodes est discutée avec l’équipe médicale pluridisciplinaire en vue d’une consultation d’oncofertilité.

Antécédent de cancer du sein et grossesse

En France, près de 2 500 patientes âgées de moins de 40 ans sont touchées par un cancer du sein chaque année. Le traitement oncologique présente de bons résultats pour traiter cette pathologie. Cependant, il peut impacter la fertilité.

Les ovaires assurent la maturation des ovocytes et contribuent à stocker une réserve ovarienne (lire aussi notre article sur la surveillance des cancers de l’ovaire traités) . Ce stock est non renouvelable et diminue progressivement avec l’âge. Par ailleurs, ils synthétisent des hormones sexuelles responsables du cycle menstruel. Durant le cycle menstruel, les ovocytes arrivent à maturation, et un seul arrive généralement à une maturation totale. C’est alors qu’il peut être fécondé par un spermatozoïde pour concevoir un enfant.

La chimiothérapie peut, chez certaines femmes, perturber le cycle menstruel de manière irréversible en raison de sa toxicité pour les ovaires. Ces effets diffèrent d’une patiente à l’autre en fonction de la dose, du type de traitement administré et de l’âge de la patiente. Plus les patientes avancent en âge, plus la chimiothérapie présente un risque de stopper l’activité des ovaires définitivement. Bien que l’on connaisse les effets de la chimiothérapie sur la fertilité, il est très difficile de quantifier la baisse de la réserve ovocytaire.

L’âge et la ménopause impactent la fonction ovarienne. Une patiente âgée de plus de 40 ans à plus de 50 % de risque de présenter une aménorrhée définitive avec le traitement du cancer du sein. Chez les femmes âgées de moins de 30 ans, ce risque atteint environ 30 %. Lorsque les règles s’arrêtent au cours du traitement, elles réapparaissent chez plus de 80 % des patientes après la fin des traitements.

Certains signes évocateurs peuvent se manifester durant le traitement chimiothérapeutique du cancer du sein :

  • Irrégularité des cycles menstruels
  • Bouffées de chaleur
  • Sécheresse vaginale
  • Aménorrhée provisoire ou définitive (absence totale de règles)

Ces perturbations du cycle sont donc aléatoires et peuvent être transitoires après la fin du traitement du cancer. Le fonctionnement normal peut revenir dans un délai très variable, allant de quelques mois à quelques années. La reprise des cycles menstruels et de l’ovulation est difficilement prévisible.

Dans ces conditions, des techniques de préservation de la fertilité sont proposées avant de commencer le traitement oncologique aux patientes jeunes qui ont un désir de grossesse ultérieure.

 

Cancer du sein : les différentes techniques de préservation de la fertilité

Chaque dossier de patiente est discuté au cas par cas pour trouver la technique la plus adaptée en fonction de nombreux critères.

Conservation d’ovocytes matures

Cette technique, aussi connue sous le nom de vitrification ovocytaire, consiste à conserver des ovocytes (gamètes féminins). Contrairement à la conservation embryonnaire, cette solution est possible chez les femmes célibataires.

Elle se déroule environ 2 ou 3 semaines avant de débuter les traitements du cancer du sein et doit être validée en amont par l’équipe de soins. En effet, la conservation d’ovocytes matures nécessite une stimulation hormonale ce qui entraîne une hyperoestrogénie qui peut perturber les traitements oncologiques.

 

Fécondation in vitro (FIV) et conservation embryonnaire

Cette technique consiste à faire une FIV et à conserver les embryons obtenus grâce à celle-ci. Après la fin des traitements du cancer du sein, ils pourront être re insérés si la patiente manifeste un désir de grossesse.

Fécondation in vitro

Le geste est indiqué pour les femmes adultes et en couple qui envisagent d’avoir un enfant après un cancer du sein. Elle n’est pas réalisable chez les patientes célibataires.

 

Conservation de tissu ovarien

Cette technique expérimentale est possible chez les femmes qui présentent une bonne réserve ovarienne et implique un traitement très gonadotoxique. Elle est très peu proposée chez les patientes atteintes de cancer du sein, car les médicaments de chimiothérapie utilisés dans le traitement de la maladie ne sont pas assez gonadotoxiques. Pour l’heure, les données manquent quant aux réels bénéfices de ce geste.

 

Conservation d’ovocytes immatures

Peu réalisée en France, cette technique est pourtant possible chez les patientes célibataires et consiste à faire maturer des ovocytes in vitro, sans stimulation hormonale. Toutefois, elle est moins efficace que la préservation d’ovocytes matures ou la conservation embryonnaire.

 

À retenir

Il est aussi vivement recommandé de conserver une technique de contraception efficace pendant la durée des traitements et même après, même en l’absence de cycles. Les contraceptions hormonales (pilules contraceptives, implant) ne sont pas conseillées en raison des perturbations hormonales qu’elles peuvent entraîner (avec potentiellement une évolution du cancer). En revanche, la contraception par préservatif et DIU au cuivre est préférable.

Publié par Dr. Eric Sebban
Le Docteur Eric Sebban est chirurgien gynécologue et cancérologue, spécialisé en chirurgie gynécologique, mammaire et cancérologique. [mt-bootstrap-button btn_text="Prendre rendez-vous en ligne avec le Docteur Eric Sebban" btn_url="https://goo.gl/pbV14U" btn_size="btn btn-medium" align="text-left" color="#3498db" border_color="#555555" animation="bounce"]