De nouvelles approches thérapeutiques émergent pour lutter contre le cancer du sein chez les femmes jeunes. Des perspectives encourageantes pour ces patientes de moins de 40 ans qui sont plus touchées par certaines formes agressives de cancer du sein que les patientes âgées.
En France, 5 % des patientes atteintes de cancer du sein ont moins de 40 ans, dont 15 à 20 % sont reliés à une prédisposition génétique. Lorsqu’il s’agit de tumeurs agressives, comme le cancer triple négatif, la proportion de femmes âgées de moins de 40 ans varie entre 25 et 40 % (contre 9 % chez les patientes âgées de plus de 70 ans). Pourtant, pour ces types de cancer, les possibilités thérapeutiques restent encore limitées.
Cancer de stade avancé chez les femmes jeunes : étudier les métastases
Avec des formes de tumeurs malignes agressives comme le cancer triple négatif, le pronostic vital est souvent sombre. Ce qui n’est pas le cas des cancers du sein de stade précoce qui représentent des chances de survie de 90 % à 5 ans.
L’institut Curie a lancé un essai à travers 6 centres français sur plus d’une centaine de patientes. Cette étude s’est étalée sur 10 ans et vise à étudier les métastases au niveau moléculaire. Le Docteur Paul Cottu, principal instigateur de cet essai, explique que des mutations génétiques de la tumeur primaire ont été notées dans les métastases.
Par ailleurs, de nouvelles informations semblent démontrer un avantage plus important pour établir le pronostic, comme le nombre de localisations secondaires présentes, plutôt que leur localisation.
Les scientifiques responsables de l’essai précisent également que la présence de cellules tumorales circulantes (CTC) dans le sang est un élément à prendre en compte pour le pronostic de la maladie. Cette présence indique l’existence de métastases. Cet élément n’influe pas dans l’approche thérapeutique à ce jour mais il pourrait, dans les années à venir, être une aide précieuse pour décider des traitements à proposer à ces jeunes femmes.
Le tissu qui entoure une tumeur, appelé stroma, semble aussi revêtir une importance majeure. Le Docteur Fatima Mechta-Grigoriou, directrice de recherche à l’NSERM dans l’Unité INSERM U830 de l’Institut Curie a pu mettre en évidence le rôle de ce tissu et ses implications dans le cancer du sein chez les femmes jeunes. Le stroma serait plus ou moins chargé en cellules immunitaires et en fibroblastes, selon les types de cancer et de tumeurs. En fonction de leur densité, il serait possible d’établir les bénéfices ou non d’un traitement par immunothérapie.
Les derniers traitements disponibles pour les femmes jeunes
De nouvelles options thérapeutiques ont fait leur apparition ces dernières années.
On peut notamment citer le TDM1 (ou « Herceptin amélioré ») pour traiter les cancers Her2+, un cancer du sein fréquemment développé par les femmes jeunes. Le TDM1 est une chimiothérapie ultra ciblée qui agit seulement sur les cellules cancéreuses. Il a reçu une autorisation temporaire d’utilisation en attendant son autorisation de mise sur le marché, de façon à pouvoir être administré rapidement aux patientes qui en ont besoin.
Concernant les cancers héréditaires associés à une mutation des gènes BRCA1 et BRCA2, l’Olaparib et le Talazoparib font aussi partie des nouvelles options thérapeutiques. Cependant, les tests doivent se poursuivre afin d’améliorer la qualité au niveau tumoral. L’organisation des tests est aussi à repenser. Il est important d’assurer un meilleur accompagnement des jeunes patientes qui en font partie, ainsi que de leur famille proche qui pourrait potentiellement être impliquée par les résultats.
Aujourd’hui, de nouvelles combinaisons de chimiothérapie et l’immunothérapie commencent à émerger. Ces nouvelles combinaisons de traitements offrent un meilleur contrôle de la maladie pour améliorer la qualité de vie des patientes, et ce durant plusieurs années.
Les essais sont de plus en plus ciblés sur le profil moléculaire des métastases pour étendre les possibilités thérapeutiques des cancers de stade avancé, notamment chez ces patientes jeunes. Les caractéristiques des tumeurs primaires, mais aussi des cellules tumorales circulantes et des tumeurs secondaires (métastases) permettent de dresser des profils de plus en plus précis. Toutes ces informations sont de précieuses alliées pour aider à établir le pronostic et choisir les approches thérapeutiques les plus bénéfiques pour ces jeunes femmes.
Le Docteur Eric Sebban est chirurgien gynécologue et cancérologue, spécialisé en chirurgie gynécologique, mammaire et cancérologique.