Le cancer du col de l’utérus touche chaque année des milliers de femmes en France. Dès le diagnostic, il est possible, et légitime, de demander un second avis médical. Ce droit fondamental permet de mieux comprendre la maladie, d’évaluer les options thérapeutiques disponibles et d’éclairer les décisions concernant la chirurgie, la radiothérapie ou tout autre traitement. Bien préparée, cette démarche peut profondément modifier l’orientation du parcours de soins.
Qu’est-ce que le cancer du col de l’utérus ?
Le cancer du col de l’utérus se développe à partir des cellules situées au niveau de la jonction entre le vagin et l’utérus. Dans environ 90 % des cas, il s’agit d’un carcinome épidermoïde, et plus rarement d’un adénocarcinome. Il est presque toujours lié à une infection persistante au virus HPV (papillomavirus humain), transmise par voie sexuelle.
Souvent silencieux pendant plusieurs années, ce cancer peut être détecté par un dépistage régulier (frottis ou test HPV). En cas de diagnostic précoce, le pronostic est généralement favorable. Lorsqu’il est plus avancé, le traitement repose généralement sur une combinaison de chirurgie, de radiothérapie pelvienne, de curiethérapie et parfois de chimiothérapie.
Pourquoi demander un deuxième avis médical pour un cancer du col de l’utérus ?
Demander un deuxième avis pour un cancer du col de l’utérus permet de confirmer le stade exact de la maladie, de réévaluer la stratégie de traitement et, dans certains cas, d’accéder à des options chirurgicales ou conservatrices non évoquées initialement. Ce droit contribue à sécuriser les décisions et à mieux anticiper les conséquences fonctionnelles du geste opératoire.
Un deuxième avis médical peut être demandé à tout moment, mais certaines situations le justifient plus particulièrement :
- Le diagnostic repose sur des examens d’imagerie ou une biopsie dont l’interprétation mérite d’être confirmée
- Le traitement proposé implique une hystérectomie élargie sans discussion préalable d’une option conservatrice (comme la trachélectomie)
- Plusieurs approches thérapeutiques sont envisageables, avec des bénéfices et des risques différents
- La patiente souhaite préserver sa fertilité ou éviter une mutilation fonctionnelle importante
- Des effets secondaires lourds sont redoutés (troubles urinaires, douleurs chroniques, impact sur la sexualité)
Solliciter un deuxième avis en oncologie gynécologique permet simplement de mieux comprendre les options sans remettre en question le travail des premiers médecins, et parfois d’éviter un geste opératoire irréversible alors qu’une alternative existe.
Quand demander un second avis pour un cancer du col de l’utérus ?
Le deuxième avis médical peut être sollicité à tout moment, mais il est particulièrement pertinent dès l’annonce du diagnostic. Cette étape permet de mieux comprendre la maladie et d’évaluer les options de traitement avant toute décision définitive.
Il est préférable de faire la démarche avant toute opération chirurgicale ou mise en route d’une radiothérapie ou chimiothérapie. Elle est d’autant plus importante que les modalités de traitement peuvent varier selon le stade du cancer du col de l’utérus, son type histologique, les antécédents médicaux ou le désir de grossesse. Dans certains cas, elle permet d’éviter un geste trop radical, de réajuster un protocole thérapeutique, ou de confirmer que la stratégie proposée est la plus adaptée.
Demander un deuxième avis n’entraîne aucun retard de soins. C’est un droit fondamental, encadré par la loi, qui permet à chaque patiente d’avoir un rôle actif dans les décisions qui concernent son corps, sa fertilité et sa qualité de vie.
Comment bien préparer une consultation pour deuxième avis sur un cancer du col de l’utérus ?
Pour tirer le meilleur parti d’un deuxième avis médical, la consultation doit être préparée en amont. Il est indispensable de fournir un dossier complet, qui doit inclure :
- Le compte rendu de la biopsie du col de l’utérus
- Les imageries récentes (IRM pelvienne, TEP-scan, scanner abdomino-pelvien)
- Les résultats des frottis, tests HPV et analyses sanguines
- Le compte rendu de la réunion de concertation pluridisciplinaire (RCP) si elle a eu lieu
- Les propositions thérapeutiques formulées
Le jour de la consultation, il est important de poser des questions précises qui permettront d’orienter l’échange, comme :
- Quel est le type exact de mon cancer du col de l’utérus (carcinome, adénocarcinome) ?
- Quel est son stade (atteinte ganglionnaire, extension locale) ?
- L’opération proposée (hystérectomie, conisation, trachélectomie) est-elle incontournable ?
- Une chirurgie conservatrice est-elle possible ?
- Quelles sont les conséquences fonctionnelles de la radiothérapie pelvienne ou de la curiethérapie ?
- Le traitement initialement prévu correspond-il aux recommandations actuelles ?
- Existe-t-il des essais cliniques adaptés à mon profil ? Etc.
Par ailleurs, certaines patientes souhaitent obtenir plus de précisions sur les techniques de préservation de la fertilité, comme la vitrification d’ovocytes avant traitement, ou s’assurer que tous les gestes chirurgicaux envisagés sont bien réalisés par des équipes expérimentées.
Vers quels spécialistes se tourner pour un deuxième avis en oncologie gynécologique ?
Un deuxième avis cancer du col de l’utérus doit idéalement être demandé dans un centre expert en oncologie gynécologique. Ces établissements disposent d’une équipe pluridisciplinaire formée aux spécificités des cancers liés au HPV, avec une expertise dans la chirurgie gynécologique oncologique et les techniques de radiothérapie pelvienne avancée.
On peut y consulter :
- Des chirurgiens gynécologues spécialisés en cancérologie
- Des oncologues médicaux et radiothérapeutes dédiés aux tumeurs pelviennes
- Des anatomopathologistes expérimentés dans les lésions liées au HPV
Les centres de lutte contre le cancer, les CHU et certains établissements privés certifiés en oncologie sont les mieux adaptés. Toutefois, il est aussi possible d’obtenir un second avis en ligne, en soumettant son dossier médical via des plateformes agréées collaborant avec des spécialistes reconnus.
Le recours à un centre expert du cancer gynécologique peut permettre par exemple de bénéficier d’alternatives chirurgicales plus ciblées, ou d’accéder à une curiethérapie mieux adaptée au profil tumoral.

Le Docteur Eric Sebban est chirurgien gynécologue et cancérologue, spécialisé en chirurgie gynécologique, mammaire et cancérologique.