La chimiothérapie et les thérapies ciblées dans le traitement du cancer des ovaires

La chimiothérapie et les thérapies ciblées dans le traitement du cancer des ovaires

- novembre 1, 2022
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Face à un cancer des ovaires, plusieurs stratégies thérapeutiques sont possibles. Votre médecin peut notamment décider de vous proposer une chimiothérapie ou une thérapie ciblée. Ces traitements sont appelés traitements systémiques. Cela signifie qu’ils agissent sur l’ensemble de l’organisme. Comment se passe la chimiothérapie du cancer de l’ovaire ? Comment fonctionne la thérapie ciblée pour le cancer de l’ovaire ? Quels sont leurs effets secondaires ? Voici les infos à retenir

Fonctionnement de la chimiothérapie du cancer de l’ovaire et de la thérapie ciblée du cancer de l’ovaire

Le point commun entre ces différents traitements est qu’il s’agit de traitements médicamenteux qui consistent tous deux à détruire les cellules cancéreuses, peu importe leur localisation dans le corps, même en présence de cellules tumorales non repérées pendant le diagnostic du cancer ovarien.

En revanche, ils n’agissent pas de la même manière. La chimiothérapie conventionnelle agit sur les processus de division cellulaire, et la thérapie ciblée entrave le développement ou l’expansion des cellules tumorales en brouillant les mécanismes impliqués dans la croissance et la propagation de ces cellules.

 

Quand prendre un traitement médicamenteux pour traiter le cancer de l’ovaire ?

Plusieurs cas de figure peuvent amener les spécialistes du cancer à proposer un traitement médicamenteux :

  • La patiente est touchée par un cancer de stade précoce (I à IIA) de haut grade. Dans ces conditions, le traitement peut être une chimiothérapie adjuvante, à réaliser après une chirurgie.
  • Le cancer de l’ovaire est de stade avancé (stade IIB à IV). Face à ce type de tumeurs, une chimiothérapie adjuvante est requise dans les 6 semaines qui suivent l’intervention chirurgicale. Elle peut être complétée par une thérapie ciblée (généralement, le bevacizumab) en cas de cancer de l’ovaire métastatique (stade IIIB, IIIC, et IV). Ce médicament est ensuite continué seul pour une durée maximale de 15 mois, ou jusqu’à une nouvelle progression de la pathologie ou une mauvaise tolérance.
  • Il existe une mutation génétique BRCA1 ou BRCA2. L’équipe de soins peut alors envisager un autre médicament de thérapie ciblée comme de l’Olaparib (anti-PARP).
  • En présence d’une tumeur ovarienne de stade IV, ou si une chirurgie d’exérèse complète de la tumeur n’est pas réalisable d’emblée. Il est alors possible d’envisager une chimiothérapie avant la chirurgie (on parle de chimiothérapie néoadjuvante), en fonction de l’état de santé général de la patiente.

 

Chimiothérapie du cancer de l’ovaire : les médicaments les plus fréquemment prescrits

Pour traiter le cancer de l’ovaire ( voici quelques données épidémiologiques sur ce cancer en France), les médecins ont habituellement recours à certains agents chimiothérapeutiques qui peuvent être administrés seuls ou associés entre eux dans le cadre d’un protocole de chimiothérapie.

La chimiothérapie du cancer des ovaires

Les plus courants sont :

  • carboplatine (sels de platine)
  • paclitaxel (comme le Taxol)

 

Thérapie ciblée du cancer de l’ovaire : les traitements les plus fréquents

Face à une tumeur ovarienne de stade avancé, on propose fréquemment une association de chimiothérapie conventionnelle et de thérapie ciblée. Les médicaments les plus fréquemment administrés sont le bevacizumab (anticorps monoclonal), un médicament antiangiogénique, qui est ensuite poursuivi seul après la chimiothérapie.

Chez les patientes porteuses d’une mutation génétique BRCA1 ou BRCA2, les médecins peuvent proposer de l’Olaparib (inhibiteur de l’enzyme PARP) après une chimiothérapie conventionnelle face à une tumeur de stade avancé.

Le mode d’administration et la posologie des médicaments de thérapie ciblée peuvent varier d’une patiente à l’autre selon les caractéristiques de la tumeur ainsi que la tolérance au traitement. Chaque plan de traitement est élaboré de manière personnalisée.

 

À SAVOIR : afin d’éviter toute interaction médicamenteuse, il est très important d’informer vos différents médecins de tous les traitements dont vous bénéficiez pour vos autres soucis de santé, de manière à pouvoir traiter le cancer de l’ovaire efficacement.

 

Modalités du traitement par chimiothérapie conventionnelle ou thérapie ciblée

Tous les médicaments sont généralement administrés en injections, à part l’Olaparib qui est un médicament à prise orale. Les injections sont réalisées en ambulatoire, dans votre établissement de soins.

Le planning de traitement est établi par votre équipe de soins selon votre situation. Un plan personnalisé de soins (PPS) vous est remis à cet effet en début de traitement pour connaître votre calendrier ainsi que les noms des traitements utilisés.

La durée d’un traitement injectable varie d’une personne à l’autre et se déroule généralement par cures intermittentes, toutes les trois semaines. Elles sont en effet espacées entre elles par des périodes de repos. Une surveillance régulière est mise en place avec un examen clinique et des analyses de sang entre chaque cure pour contrôler votre état de santé. Face à une anomalie, le calendrier de traitement peut être modifié ou mis en pause.

Pour le traitement oral (Olaparib), la durée varie également, mais le traitement se déroule en continu de façon quotidienne.

Face à un cancer de l’ovaire de stade précoce, on prévoit environ 6 cures de chimiothérapie conventionnelle. Face à une tumeur de stade avancé, la première période comprend minimum 6 cycles associant chimiothérapie et thérapie ciblée, puis la thérapie ciblée seule pendant maximum 15 mois ou jusqu’à ce que la maladie évolue, ou que la patiente ne tolère plus le traitement.

 

À SAVOIR : certains types de cancers de l’ovaire de stade avancé peuvent justifier l’administration de médicaments par voie intrapéritonéale : en injection directe dans la cavité abdominale, au contact des organes.

 

Mise en place d’un cathéter et d’une chambre implantable

Avant de commencer l’administration des médicaments de chimiothérapie et de thérapie ciblée par injections, il est courant que l’équipe médicale mette en place une chambre implantable percutanée. Ce petit boîtier est relié à un tuyau fin et souple appelé cathéter. Il permet de faire passer les traitements sans avoir à piquer les petites veines des bras de manière répétées, ce qui pourrait les endommager et entraîner des douleurs.

Le système est installé sous la peau au niveau du thorax et le cathéter est relié à une veine lors d’une intervention chirurgicale très rapide, réalisée sous anesthésie locale. Un contrôle radiographie fait suite au geste pour veiller à son bon positionnement.

Les médicaments sont alors injectés directement dans la chambre implantable. Il est possible d’appliquer un anesthésique local par crème ou patch minimum une heure avant la perfusion.

Ce système, que l’on connaît aussi sous le nom de Port-à-Cath (ou PAC), est habituellement très bien toléré par les patientes et n’entrave pas les activités de la vie quotidienne. Il restera en place pendant toute la durée des traitements avant d’être retiré durant une seconde courte chirurgie sous anesthésie locale.

 

Cancer de l’ovaire et chimiothérapie intrapéritonéale

Dans certaines situations, la chimiothérapie peut être administrée par injections directement dans la cavité péritonéale, au contact des organes abdominaux. Le praticien met alors en place un cathéter au niveau de l’abdomen durant la chirurgie d’ablation de la tumeur.

Les traitements médicamenteux sont ensuite directement injectés par ce cathéter durant des cures intermittentes de six cycles, toutes les trois semaines.

 

Chimiothérapie cancer ovaire : effets secondaires

Les effets secondaires indésirables de la chimiothérapie conventionnelle et des thérapies ciblées varient en fonction des médicaments, du dosage et des patientes. Des traitements préventifs ou des recommandations pratiques peuvent permettre d’empêcher ou de réduire certains de ces effets. Toutefois, si vous constatez que ces effets indésirables impactent votre vie ou si vous ne supportez pas un des traitements, il est recommandé d’en parler rapidement à votre médecin pour modifier, adapter ou stopper le traitement.

Les effets indésirables possibles de chaque traitement vous sont communiqués lors d’une consultation avant de débuter. Ils ne sont pas systématiques. Votre traitement peut très bien se dérouler sans que des symptômes inhabituels apparaissent.

Les effets secondaires les plus fréquents des traitements médicamenteux du cancer de l’ovaire sont :

  • des vomissements
  • des nausées
  • une constipation ou une diarrhée
  • une diminution des globules blancs, des globules rouges ou des plaquettes
  • une fatigue importante
  • des lésions buccales (aphtes…)
  • des réactions cutanées ou allergiques
  • des troubles de la respiration
  • un syndrome main-pied

 

À SAVOIR : pendant toute la durée de votre Programme Personnalisé de Soins, il est vivement recommandé d’éviter l’automédication. Certains médicaments sont en effet capables d’interagir avec les traitements du cancer et pourraient réduire leur efficacité ou entraîner des effets secondaires invalidants. Demandez toujours l’avis de votre médecin avant de prendre un médicament pour un autre trouble de santé.

Publié par Dr. Eric Sebban
Le Docteur Eric Sebban est chirurgien gynécologue et cancérologue, spécialisé en chirurgie gynécologique, mammaire et cancérologique. [mt-bootstrap-button btn_text="Prendre rendez-vous en ligne avec le Docteur Eric Sebban" btn_url="https://goo.gl/pbV14U" btn_size="btn btn-medium" align="text-left" color="#3498db" border_color="#555555" animation="bounce"]