Les facteurs de risque d’une récidive du cancer du sein

Les facteurs de risque d’une récidive du cancer du sein

- août 21, 2018
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Le cancer du sein est le cancer le plus courant chez la femme. Si la prise en charge thérapeutique et les améliorations en termes de dépistage et de diagnostic permettent de guérir un grand nombre de patientes touchées, il existe un risque de récidive de la maladie, c’est-à-dire que le cancer revient après une période de rémission. Quels sont ces facteurs de risque de rechute du cancer du sein ? Comment les prévenir ou les dépister ?

 

Qu’est-ce qu’une récidive de cancer du sein ?

Une récidive de cancer du sein se traduit par une résistance des cellules cancéreuses dans l’organisme après le traitement initial. Celles-ci se remettent à se multiplier. On distingue deux types de récidives :

 

La récidive locale du cancer du sein

Elle intervient sur le sein ou au niveau de la cicatrice du sein déjà traité lors du diagnostic initial.

 

La récidive à distance du cancer du sein

Elle se produit sur d’autres organes à distance du siège initial de la tumeur, comme les poumons, le foie ou les os.

 

Symptômes d’une récidive de cancer du sein

symptomes rechute de cancer du sein

 

Les symptômes d’une rechute de cancer du sein sont les mêmes que ceux d’un cancer initial du sein. Ils peuvent varier selon son type et sa localisation, et peuvent prendre la forme d’une masse ou rougeur au niveau de la glande mammaire ou de la paroi thoracique, de douleurs osseuses, d’une toux persistante, d’une perte de poids involontaire et inexpliquée, etc.

 

Quels sont les principaux facteurs de risque d’une récidive du cancer du sein ?

Plusieurs facteurs sont capables d’influencer le risque de rechute d’une tumeur mammaire :

 

Le type, le stade et le grade du cancer initial

Plus la tumeur est agressive, à un stade avancé, plus le risque de récidive est élevé.

Le type histologique du cancer du sein joue un rôle également : un type de cancer du sein qui présente un risque moins élevé de propagation aux ganglions mammaires dits lymphatiques a également un risque de rechute moins important.

Le grade du cancer du sein a aussi une influence sur les risques de récidive de la maladie.

En cas de signes inflammatoires présents au niveau local (rougeur, chaleur…), il peut exister un risque de récidive de la maladie plus important et le traitement initial doit être adapté en conséquence.

 

Les attributs biologiques de la maladie

Certains cancers sont hormono-dépendants (stimulés par les hormones féminines œstrogènes et progestérone) ou Her2+ (ils expriment une protéine capable de favoriser leur croissance). Ces types de cancers ont des thérapies spécifiques qui réduisent le risque de rechute de la maladie, mais ils peuvent aussi développer des résistances aux traitements.

 

La taille de la tumeur

Elle peut aussi influencer le pronostic. Ce dernier est plus favorable en présence d’une tumeur de petite taille.

 

L’envahissement des ganglions lymphatiques voisins

Si le cancer du sein a envahi les ganglions lymphatiques axillaires ou sous-claviculaires, le risque de récidive est généralement plus élevé comparativement à une maladie qui ne s’est pas propagée. De plus, ce risque augmente avec le nombre de ganglions envahis.

 

Le respect du traitement

La prise en charge thérapeutique (chirurgie, radiothérapie, chimiothérapie, hormonothérapie ou thérapies ciblées) doit être suivie scrupuleusement. Un arrêt ou une interruption de traitement sans avis médical peut augmenter le risque de récidive du cancer du sein.

 

Les facteurs personnels

L’âge du patient, ses antécédents familiaux, un surpoids, la consommation de tabac et d’alcool ou encore la sédentarité peuvent influencer le risque de voir apparaître une récidive du cancer.

 

Comment prévenir ou dépister une récidive de cancer du sein ?

 

echographie mammaire

Pour réduire les risques de récidive du cancer du sein et repérer au plus tôt les premiers signaux d’alerte en cas de rechute, il est primordial de respecter le suivi médical proposé par votre équipe de soins pendant et surtout, après la fin des traitements.

Ce suivi alterné comprend des consultations médicales avec des examens cliniques auprès de vos différents médecins (oncologue, chirurgien, radiothérapeute…), des examens biologiques, des examens d’imagerie médicale (mammographie, échographie mammaire…) à intervalle régulier pendant 5 ans.

Le rythme de ce suivi est déterminé au préalable. Bien souvent, il repose sur une consultation tous les 4 à 6 mois avec l’un de vos médecins, de manière à pouvoir rencontrer chacun au moins une fois par an. Le rythme des examens complémentaires peut parfois être plus espacé, avec une mammographie et échographie annuelle.

Ces consultations sont essentielles pour déceler au plus tôt une nouvelle masse suspecte et faire le point sur d’éventuels signes cliniques inhabituels.

Par ailleurs, il est conseillé d’adopter un mode de vie plus sain en évitant de fumer et de boire de l’alcool, en conservant un poids santé et en pratiquant une activité physique régulière, même douce. Ces habitudes peuvent contribuer à renforcer le système immunitaire et limiter les causes favorisant la croissance des cellules tumorales.

Le risque de récidive du cancer du sein dépend donc de nombreux paramètres, qu’ils soient liés à la maladie initiale, aux différents traitements ou au profil des patients. Si vous constatez des symptômes inhabituels ou si vous avez des questions à ce sujet, n’hésitez pas à consulter votre médecin. Plus une récidive de cancer est détectée tôt, plus les chances de guérison sont importantes.

 

Cancers du sein : Les risques de rechute à 20ans

rechute cancer sein 20 ans

Une étude de grande ampleur (63 000 patientes, 15 ans de suivis) parue en Novembre 2017 dans le New England Journal of Medicine fait état d’un fort taux de récidive à long terme, allant de 10 à 41%, des cancers hormono-dépendants, au-delà des 5 années recommandées de traitement par Tamoxifène.

Les cancers du sein hormono-dépendants, de quoi s’agit-il ?

Les cancers du sein hormono-dépendants correspondent aux cancers dont la croissance est favorisée par les œstrogènes. Ils correspondent à 80% des cancers du sein.

La distinction entre homono-dépendant et hormono-indépendant se fait au moment du diagnostic du cancer, lors de l’analyse des biopsies : le cancer est dit homono-dépendant si le noyau des cellules tumorales présente des récepteurs aux œstrogènes.

Si tel est le cas, une hormonothérapie pourra être proposée.

 

Le Tamoxifène – l’avènement de l’hormonothérapie :

En se fixant aux récepteurs à œstrogènes de la tumeur, le Tamoxifène empêche la fixation de ces hormones et ainsi limite la croissance de la tumeur.

Ce traitement a montré à travers de nombreuses études, une réduction significative, estimée à près de 50% à 5 ans et 30% à 15 ans, du risque de récidive locale, de métastase à distance, de survenue de cancer du sein controlatéral ainsi que de la mortalité globale.

Ce traitement dit adjuvant, c’est-à-dire complémentaire aux traitements de première ligne que sont chirurgie, chimiothérapie et/ou radiothérapie, est habituellement prescrit pour une durée maximale de 5 ans. Le Tamoxifène est un traitement certes efficace mais souvent difficile à supporter pour les patientes (bouffées de chaleur, ménopause précoce, douleurs articulaires…). Les effets secondaires du médicament peuvent être graves, dont l’embolie pulmonaire, le cancer de l’endomètre, la thrombose veineuse profonde, et les cataractes. L’évaluation du rapport bénéfices/risques présentait jusqu’alors, un risque élevé d’effets indésirables comparativement à un risque relativement faible de rechute, au-delà de 5 ans de traitement sans récurrence. Cependant, cette étude à long terme vient possiblement discuter ce dogme.

  

Objectif de l’étude sur la rechute du cancer du sein à 20 ans:

L’objectif de cette étude était d’évaluer le taux de récidive et la mortalité à long terme des cancers du seins hormono-dépendants traité par Tamoxifène, ainsi que de rechercher des facteurs de risque de récidive à distance, soit au-delà des 5 ans d’hormonothérapie.

Le but étant de pouvoir potentiellement cibler les patientes chez qui le bénéfice de la poursuite du Tamoxifène au-delà de 5 ans serait plus grand que les risques inhérents au traitement lui-même.

 

Population étudiée :

Cette étude reprend les résultats de 88 études cliniques à l’échelle internationale. Toutes les patientes incluses avaient moins de 75 ans au diagnostic et présentaient un cancer hormono-dépendant de bas grade soit une absence de métastase et un grade T1 ou T2 de la classification TNM au moment du diagnostic (TNM : Tumeur= taille de la masse tumorale – Nodules=Ganglions lymphatiques envahis – M=Métastases). Toutes les patientes avaient reçu une hormonothérapie (Tamoxifène) pour une durée totale de 5 ans à compter du diagnostic et n’avaient pas présenté de récurrence sur cette période.

 

Résultats :

Cette étude montre que le risque de mortalité et de récidive locale, controlatérale et à distance du cancer augmentait de façon progressive et constante avec le temps et était surtout intimement lié au degré de sévérité du cancer au diagnostic. Les patientes ayant un grade T2 et/ou un nombre important de ganglions envahis au moment du diagnostic ayant un risque significativement plus élevé.

Le risque global de récidive à long terme allait de 13 à 41% (13 à 34% pour les tumeurs de grade T1, 19 à 41% pour les tumeurs de grade T2).

 

 

Risque de récidive & mortalité du cancer du sein
Figure 1. Risque de récidive (A) et de mortalité (B) en fonction du temps, selon le nombre de ganglions envahis au diagnostic : 0 (jaune), 1-3 (bleu), 4-9 (rouge)

 

Ces résultats élevés de récidive, persistants à long terme (plus de 10% à 20 ans), même chez des patientes présentant initialement des tumeurs de faible sévérité, viennent donc sérieusement reposer la question de l’intérêt de poursuivre l’hormonothérapie au-delà des 5 ans actuellement prescrit.

D’autres études à long terme, d’évaluation spécifique des effets indésirables du Tamoxifène cette fois, seront nécessaires pour venir corroborer ces résultats afin d’améliorer les schémas thérapeutiques actuellement prescrits.

 

BIBLIOGRAPHIE :

  1. Article du NEJM:

20-Year Risks of Breast-Cancer Recurrence after Stopping Endocrine Therapy at 5 Years, Hongchao Pan et al., N Engl J Med Nov 2017; 377:1836-1846

https://www.nejm.org/doi/full/10.1056/NEJMoa1701830

  1. Bénéfices du Tamoxifène:
  • Effects of chemotherapy and hormonal therapy for early breast cancer on recurrence and 15-year survival: an overview of randomised trials. The Early Breast Cancer Trialists’ Collaborative Group. Lancet 2005;365: 1687-717.

https://www-sciencedirect-com.gate2.inist.fr/science/article/pii/S0140673605665440?via%3Dihub

  • Relevance of breast cancer hormone receptors and other factors to the efficacy of adjuvant tamoxifen: patient-level meta-analysis of randomised trials. The Early Breast Cancer Trialists’ Collaborative Group. Lancet 2011; 378: 771-84

https://www-sciencedirect-com.gate2.inist.fr/science/article/pii/S0140673611609938?via%3Dihub

  • Aromatase inhibitors versus tamoxifen in early breast cancer: patient-level meta-analysis of the randomised trials. The Early Breast Cancer Trialists’ Collaborative Group. Lancet 2015; 386 :1341-52.

https://www-sciencedirect-com.gate2.inist.fr/science/article/pii/S0140673615610741?via%3Dihub

 

Publié par Dr. Eric Sebban
Le Docteur Eric Sebban est chirurgien gynécologue et cancérologue, spécialisé en chirurgie gynécologique, mammaire et cancérologique. [mt-bootstrap-button btn_text="Prendre rendez-vous en ligne avec le Docteur Eric Sebban" btn_url="https://goo.gl/pbV14U" btn_size="btn btn-medium" align="text-left" color="#3498db" border_color="#555555" animation="bounce"]