Les risques de mortalité et de récidive du cancer de l’endomètre pourraient être réduits de 44 %, selon les résultats d’un essai clinique de phase III. Cette découverte est loin d’être anodine, puisque le cancer de l’endomètre n’avait pas bénéficié d’une telle avancée thérapeutique depuis une trentaine d’années.
Cancer de l’endomètre : généralités
Le cancer de l’endomètre, également appelé cancer de l’endomètre, prend naissance dans la muqueuse qui tapisse le corps de l’utérus : l’endomètre.
Il touche souvent les femmes à un âge avancé, déjà ménopausées. L’âge moyen au moyen du diagnostic est de 68 ans. Pourtant, ce type de cancer est le plus courant de tous les cancers gynécologiques. Le cancer de l’utérus est le 4e cancer le plus courant chez la femme de tous les cancers féminins, après les cancers du sein, du côlon et des poumons. Le cancer de l’endomètre est souvent associé à des facteurs de comorbidités, tels qu’une hypertension artérielle, une obésité, ou encore un diabète.
Traitement du cancer de l’endomètre récidivant : où en est-on ?
Cette pathologie est de bon pronostic lorsqu’elle est découverte à un stade encore précoce. Toutefois, elle pose problème lorsqu’elle récidive. Les options sont alors peu nombreuses pour traiter le cancer de l’endomètre récidivant et se limitent à la chimiothérapie ou à l’hormonothérapie.
Il n’y a pas eu d’avancées thérapeutiques probantes durant ces 30 dernières années pour compléter l’arsenal thérapeutique et augmenter la durée de vie des patientes tout en réduisant les chances de récidives. Il existe en France une autre alternative : le dostarlimab. Ce traitement ne concerne cependant qu’un petit pourcentage (20 %) de patientes atteintes de cancer de l’endomètre et présentant des instabilités microsatellitaires (des zones génomiques qui concentrent des mutations).
Or, une nouvelle étude pourrait bien changer la donne. Elle évoque la combinaison d’une immunothérapie et d’une thérapie ciblée à même d’augmenter l’espérance de vie des patientes.
Que disent les résultats de cette étude ?
L’étude Keynote-146/Study 111 a été conduite sur 827 femmes, toutes atteintes d’un cancer de l’endomètre récidivant. Au cours de l’essai clinique de phase III, l’objectif a été de comparer les effets de la chimiothérapie à ceux d’une association de pembrolizumab (Keytruda), une molécule d’immunothérapie ciblant le marqueur PD-1, et de lenvatinib (Lenvima), un inhibiteur de tyrosine kinase (thérapie ciblée).
Les résultats sont très encourageants. Les scientifiques ont pu constater une diminution impressionnante du taux de mortalité ou de récidive de l’ordre de 44 %. La moyenne de survie globale s’élevait ainsi à 18,3 mois (versus 11,4 mois avec le traitement de chimiothérapie).
La durée moyenne de survie sans récidive grimpait quant à elle à 7,2 mois (versus 3,8 mois avec un traitement de chimiothérapie). Par ailleurs, le taux de réponse chez les patientes était de 31,9 % (versus seulement 14,7 % chez les patientes traitées par chimiothérapie).
Les auteurs se félicitent de cette découverte qui pourrait enfin bouleverser la prise en charge thérapeutique du cancer de l’endomètre en rechute.
Le problème de la toxicité du lenvatinib
Bien que ces découvertes soient révolutionnaires, une part d’ombre vient en nuancer les résultats.
Le lenvatinib connaît en effet une grande toxicité, ce qui peut entraîner des effets secondaires indésirables. L’importance de ces effets indésirables est telle qu’elle obligerait environ un quart des patientes à stopper le traitement. Ce chiffre est particulièrement élevé.
Toutefois, il existe cependant des fenêtres de manœuvre possibles, notamment en testant différentes posologies.
C’est bien ce que suggère GINECO, le groupe national, qui souhaiterait qu’une étude « d’escalade de dose » soit conduite. Les études d’escalade de dose consistent à commencer à traiter les patientes à une dose plus faible, en augmentant progressivement cette dernière pour contrôler la tolérance.
Ces recherches permettraient de voir s’il est possible d’obtenir les mêmes résultats, mais avec une meilleure tolérance du médicament.
Cette nouvelle association médicamenteuse représente donc un espoir pour traiter les patientes (80 %) non admissibles à la prise du dostarlimab comme alternative à la chimiothérapie ou à l’hormonothérapie. Ce qui représente pas moins de 1 500 femmes chaque année en France.
Une autorisation temporaire d’utilisation (ATU) est vivement espérée.
Les infos à retenir :
- Le taux d’incidence du cancer de l’endomètre est estimé à 11 pour 100 000 en France. Ce taux reste stable depuis une trentaine d’années.
- En raison du vieillissement de la population et de l’augmentation des facteurs de risque tels que l’obésité, le nombre de cancers de l’endomètre « valeur absolue) a en revanche eu tendance à augmenter.
- Le taux de mortalité, en légère baisse depuis 1980, s’élève à environ 2,2 pour 100 000 cas.
- La forme principale de cancer de l’endomètre est l’adénocarcinome.
Le Docteur Eric Sebban est chirurgien gynécologue et cancérologue, spécialisé en chirurgie gynécologique, mammaire et cancérologique.