Une étude confirme le danger particulier des cancers du sein post partum

Une étude confirme le danger particulier des cancers du sein post partum

- février 1, 2023
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Une nouvelle étude met en évidence le risque que constitue le diagnostic d’un cancer du sein en post-partum, alors même que les patientes semblaient avoir un bon pronostic initial.

 

Cancer du sein post-partum : des tumeurs mal évaluées ?

Les tumeurs mammaires découvertes dans les 5 ans qui suivent un accouchement sont plus à risque de propagation et plus susceptibles de devenir mortelles. Une étude récente montre qu’un accouchement récent constitue même à lui seul un facteur de risque concernant la progression de la pathologie mammaire.

 

Les résultats de cette nouvelle étude, publiés en octobre 2022, pointent du doigt les recommandations cliniques actuelles concernant les stratégies thérapeutiques des jeunes patientes atteintes d’un cancer du sein qui ne prennent pas assez en compte l’état post-partum. Elles seraient donc moins à même de prédire précisément le risque de rechute d’un cancer du sein, avec une implication non négligeable pour le pronostic vital de ces jeunes femmes.

 

L’auteur principal de l’étude, le Dr Pepperer Schedin, professeur de biologie cellulaire, du développement et du cancer de l’OHSU Knight Cancer Institute aux États-Unis, précise qu’un diagnostic de cancer du sein réalisé en post-partum est capable de faire entrer les patientes qui semblaient pourtant avoir un bon pronostic dans une catégorie de risque élevé.

 

Les scientifiques qui ont travaillé sur cette étude ont pu mettre en évidence la corrélation entre grossesses et les résultats du cancer du sein à partir d’une base de données conséquente concernant la population de l’Utah. Cette vaste base de données regroupe les dossiers de naissance et de décès au niveau de l’État, ainsi que les registres du cancer de l’État de l’Utah et les dossiers des patients provenant des hôpitaux et services ambulatoires à l’échelle de l’État.

 

Cancer du sein après accouchement : un risque accru de tumeur mammaire agressive

cancer sein après accouchement

 

Au total, 2 970 patientes touchées par un cancer du sein diagnostiqué avant l’âge de 45 ans (ou 45 ans max.) ont été incluses au sein de l’étude. Parmi ces femmes, 860 étaient nullipares. Les femmes ayant déjà accouché ont été classées selon le laps de temps écoulé entre leur dernier accouchement et le diagnostic de cancer du sein (moins de 5 ans, de 5 à 10 ans, 10 ans et plus).

 

Les femmes ayant été diagnostiquées d’un cancer du sein dans les 5 ans qui suivent leur accouchement le plus récent ont un risque de propagation de la maladie (et donc, de métastases) 50 % plus élevé que les femmes qui n’ont jamais accouché. Il en va de même pour le risque de décès lié au cancer du sein.

 

Par ailleurs, cette augmentation des risques de métastases lors d’un cancer du sein et de décès était indépendante du stade du cancer du sein ou du statut des récepteurs d’œstrogène (RO), deux indicateurs de la probable agressivité d’une tumeur mammaire que l’on utilise pour choisir la stratégie thérapeutique à adopter. On sait en effet que les cancers du sein classés RO- sont habituellement plus dangereux que les cancers du sein RO+. Or, dans les dossiers des femmes inclus au sein de l’étude, la progression de la maladie était identique pour les tumeurs RO+ et RO-.

 

Cancer du sein post-partum : une forte probabilité de métastase hépatique

tumeur mammaire cancer du sein

Au cours de précédentes recherches, l’équipe de chercheurs a pu observer comment les modifications qui s’opèrent dans le sein après un accouchement peuvent changer l’évolution de la maladie. À la fin de la période de lactation, la majorité des cellules qui sécrètent le lait meurt au cours d’un processus connu sous le nom d’involution. Il s’agit d’un phénomène inflammatoire que l’on peut assimiler par exemple à la cicatrisation de blessures. Lors des analyses réalisées sur des modèles de souris, et grâce à des échantillons de patientes atteintes d’un cancer du sein, les scientifiques ont démontré comment l’involution pouvait créer un environnement favorable au développement d’une tumeur mammaire. L’involution laisse en effet une empreinte durable dans le schéma d’activité génétique du tissu de la glande mammaire, ce qui pourrait favoriser la formation de métastases.

 

De plus, les métastases semblaient plus fréquentes dans le foie (métastases hépatiques) chez les femmes diagnostiquées d’un cancer du sein dans les 5 ans suivant un accouchement. Le foie pourrait ainsi devenir un lieu propice au regroupement de cellules cancéreuses et à la formation de lésion secondaire.

 

Les chercheurs insistent donc sur la nécessité de mieux évaluer l’état post-partum des patientes afin de réaliser des prédictions plus précises concernant l’agressivité d’une tumeur du sein. Cela permettrait de mieux guider les médecins dans le choix du traitement le plus adapté, comme la réalisation d’une chimiothérapie du cancer du sein après la mastectomie.

 

Par ailleurs, puisque les cas de cancers du sein en post-partum semblent laisser une signature génique bien particulière, il sera sans doute envisageable d’élaborer des thérapies ciblées spécifiquement adaptées à ce type de cancer.

 

Cette nouvelle étude offre donc de précieuses informations pour le suivi et le traitement de ces patientes, souvent jeunes, touchées par des formes agressives de cancer du sein.

Publié par Dr. Eric Sebban
Le Docteur Eric Sebban est chirurgien gynécologue et cancérologue, spécialisé en chirurgie gynécologique, mammaire et cancérologique. [mt-bootstrap-button btn_text="Prendre rendez-vous en ligne avec le Docteur Eric Sebban" btn_url="https://goo.gl/pbV14U" btn_size="btn btn-medium" align="text-left" color="#3498db" border_color="#555555" animation="bounce"]